melchior jacquemuslive fast, die young
leave a good-looking corpse
nom complet ◦
melchior jacquemus. c'est un prénom de cul béni avec le nom d'un poilu de la guerre de quatorze. pas un ricain foutu de bien prononcer son patronyme, mais il s'en tape. ça fait des lustres que le nom a perdu tout espèce de symbolique pour lui. des caractères imprimés sur des papiers, des mots grattés en bas de page le temps d'une vie. son identité c'est pas ça.
âge, date et lieu de naissance ◦ entre
dix-neuf et quatre-vingt-sept. l'un ou l'autre, l'un et l'autre. ce corps-là n'a pas encore passé la vingtaine, cette âme-ci atteindra bientôt le siècle. la première fois, il est né à marion, indiana. la dernière, en normandie.
origines et nationalité ◦
français déraciné. il sait d'où les ancêtres de sa chair viennent, mais il est dépossédé de ces origines. est-ce qu'elles lui appartiennent vraiment, est-ce que les gènes importent réellement quand l'âme s'est écartée du chemin de la vie unique.
activité et situation financière ◦
étudiant en histoire de l'art. ça payait bien d'être un artiste, ça paie pas du tout d'étudier ceux qui le sont devenus. alors il n'a pas de petits boulots, mais il a de petits amants — de ceux qui aiment faire des cadeaux. c'est pas la première vie qu'il donne son cul pour ce qu'il veut.
statut civil ◦ en couple. il l'était, du moins. la mort est passée par là mais l'empreinte au fer rouge de cet amour a laissé une trace indélébile sur l'immatérialité de son âme. il sent toujours son coeur se fendre quand il la voit avec elle. il l'aime encore, c'est juste que lui l'a oublié. probablement. donc
seul, en réalité.
situation familiale ◦ la famille, ça va, ça vient. un partage momentané de traits physiques. du sang qui vient du même endroit. mais lui ne s'est jamais senti le frère de personne, ni le fils d'une autre mère.
traits de caractère ◦ manipulateur, joueur, imprévisible, mélancolique, enfantin, nostalgique, arrogant, sensible, têtu, extrême.
groupe ◦ outsiders.
the trees can hear you if you talk to themde derrière les arbres ils surgissent, un par un. il y a le latino qui lui, calme et placide, pose son cul sur un arbre à l’horizontal, abattu par la foudre comme lui jadis fut abattu d’une balle dans la tête. l’originel court partout, dégourdit les membres qu’il pensait perdus à jamais. il revit, gonfle ses poumons de l’air mystique du bois. ses gestes sont pleins, passionnés, fougueux. la mouvance du little bastard.
toi tu comprends rien, tu les interpelles mais personne ne te répond, ils te regardent juste. te narguent, parce qu’eux ont compris. tu cherches le dernier, et il t’apparaît le temps d’un clignement d’oeil. en face de toi. tu sens son souffle chaud refroidi par la mort, ça te fait l’effet d’une brise glaciale sur tes joues. une lame et les poignets lacérés ; tes vies passées te regardent crever.réveil sur les feuilles près d’une pierre rougie par un crâne qui s’y est échoué.
meanwhile a man was falling from spaceDEAN, JAMES
1931 - 1955
Quand on parle de vie brûlée par les deux bouts. L’était même pas alcoolique, ni camé. Il avait juste la fureur de vivre.
C’était un vivant. Profondément, viscéralement. Il ne se contentait pas de survivre, ou de vivoter, lui prenait chaque jour comme si c’était le dernier. C’est ce que beaucoup disent, mais lui était peut-être le seul à le penser. Seul premier degré dans une vie au second degré. Il embrassait, riait, baisait, courait, jouait, roulait, criait. Aimait vivre.
Peut-être que s’il avait su qu’il était destiné à renaître, il aurait ralenti. Et est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Non, l’était pas destiné à vivre vieux. James, comme les autres. Pas un à passer la trentaine, parce que c’est l’essence de ce gamin. Être éphémère dans l’éternité.
SODADE, GUIDO
1955 - 1981
Ouvrir les yeux un matin d’une huitième année et se souvenir qu’on était une star d’Hollywood. Aller à la bibliothèque consulter les archives de presse et voir les articles. Se rendre compte qu’on est mort et pleurer, pleurer.
La vie la plus longue qu’il a connu, et la plus malheureuse. Il n’était ingrat qu’on lui donne une seconde chance, mais il regrettait. Pas d’avoir avalé l’asphalte jusqu’à en crever, juste de plus être l’homme heureux qu’il était. C’est que la pauvreté il s’en pensait sauvé, c’est que la violence il n’aurait jamais voulu l’éprouver.
Et pourtant il restait là, à endurer. Il a pensé à la corde, se disait qu’il revivrait peut-être ailleurs. Et puis finalement la peur de disparaître pour toujours, de n’avoir qu’une
seconde chance prenait le dessus.
Il a fallu attendre une rixe urbaine pour qu’une balle perdue le sauve de sa persistance malheureuse.
SZADHIK, TONI
1981 - 1999
Au détour d’une vie, il trouve l’amour et s’y accroche. C’était inattendu. Jamais il n’a accordé d’importance à ce qu’il aimait, pas envie de se priver, mais jamais encore il n’avait aimé. Aimé comme il avait vécu : avec passion, puissance, inconscience et conscience de son bonheur.
Et il est arrivé. 1997,
Titanic. Un gars traîné par une fille qui l’aime sans doute un peu trop, un autre par celle avec qui il se montre au lycée. Deux entravés qui finissent par se poser sur la même banquette devant la salle, après la scène de trop. Le bateau n’a pas encore coulé qu’eux montent sur le même radeau de naufragés. Ils échangent un premier mot, un premier regard. Le début des emmerdes.
Ils se sont aimés, pour sûr. Comme des fous. Comme des délinquants. Avec passion et discrétion. Ils étaient pas dingues au point de s’aimer au grand jour, et c’est peut-être ce qui a fait saigner le petit. Pas pouvoir vivre pleinement. L’autre avait peur, à juste titre. C’était pas impensable d’être tabassé à cause de ça, ils le savaient. Les tensions qui éclatent. Ils se déchirent parce qu’ils s’aiment trop, ils se battent parce qu’on ne veut pas qu’ils s’aiment autant.
Mais lui s’en tape, il n’a qu’à changer de personnage. Sa première cuite dans cette vie, sa dernière dans les autres. Il gratte un mot à l’encre rouge.
Je ne veux pas gâcher ma vie en t’aimant mal. Il ne sait pas ce que ça veut dire, c’est juste passé par sa tête.
Quand il le lira, après que la police et les secours soient venus chercher le corps, le Roméo sans plus aucun Roméo à aimer verra que la feuille est gondolée par les larmes. Les larmes qui nourrissaient la pluie sous laquelle ils se sont noyés.
JACQUEMUS, MELCHIOR
1999 -
C’est con ce qu’on peut faire par amour. Et c’est con ce que l’alcool peut nous faire faire par amour. Melchior se réveille dans un autre pays, à dix ans il se souvient. À dix ans et demi il décide qu’il ira le retrouver. Pour lui expliquer, s’excuser. L’aimer à nouveau.
Dans l’avion qui l’emmène jusqu’à son université d’échange, il regarde un film.
Les Amours Imaginaires. Se rend compte que les mots qu’il a utilisés pour écrire son cœur meurtri, ils se retrouvent dans le film d’un bobo québécois. C’est étrange, la vie. Inexplicable.
Les vies, aussi.
Alors on pourrait croire qu’à presque quatre-vingt-dix ans cumulés, il a appris la vie. Et pourtant c’est encore le moins mature du monde. C’est l’âme d’un enfant perdu qui se balade de corps en corps, l’esprit d’un Holden Caulfield perpétuel qui erre de chair en chair au travers des décennies.
honey, i'm not your honey piepseudo/prénom ◦ cavale aka rem.
âge, pays ◦ jeune et frais, bleu blanc rouge.
avatar ◦ anton lisin.
commentaire(s) ◦ c bô.
autres/dédicace ◦ dédica$$e à la mif
smiley préféré ◦
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(m) sugar daddies // des gentils monsieurs pour lui faire des jolis cadeaux
melchior est amoureux mais il sait que c'est trop compliqué pour pouvoir s'en contenter, alors comme il a des besoins physiques (
) et matériels (
)...