▪ the past is never dead. it's not even past.

There are cemeteries everywhere. Your father says they are the resting places of soldiers. But you know better. There is no resting there.

A Holly Springs, on se veut particulièrement respectueux des morts. C'est qu'on a peur qu'ils puissent s'offenser, et vous avez appris à ne jamais vous montrer malséants envers les morts. Ils sont plutôt susceptibles.
Toutes les années, le même rituel se répète comme un disque rayé, inlassablement. Après la messe du matin, les familles de Holly Springs se réunissent au cimetière de la ville pour un pique-nique. En ce premier novembre, les défunts sont à l'honneur. Les vivants rient, mais jamais trop fort. Ils mangent, mais jamais avec trop d'appétit. Oublier, même l'espace d'un instant, qu'on se réunit pour se commémorer les morts serait très, très grossier.
Aujourd'hui, toutefois, quelque chose semble différent mais vous n'arrivez pas à mettre le doigt sur ce qui vous trouble exactement. L'air sent le bois, éternellement aux aguets autour de vous. Vous l'entendez distinctement, le silence enivrant qui l'habite, et ça fait hérisser les poils dans votre nuque. Les corbeaux se comportent de façon étrange, eux aussi. Ils survolent sans cesse le cimetière, manifestement agités. L'un d'entre eux se pose sur la branche d'un chêne, juste à quelques mètres de là où vous vous trouvez. Vous pourriez jurer qu'il serait entrain d'écouter votre conversation.

Ceci est donc le premier sujet commun du forum. Il est évidemment ouvert à tous les membres validés, et nous vous invitons à préférer les posts dits courts, afin de favoriser une avancée fluide et rapide. Il s'agit-là de l'occasion idéale de rencontrer de nouvelles personnes; n'hésitez pas à rp à plusieurs, à vous immiscer dans les actions déjà en cours, interrompre les dialogues, apporter votre grain de sel là où vous le souhaitez. Le but étant de vous mélanger, surtout allez vers les autres !

your heart will become a dusty piano in the basement of a church
and she will play you when no one is looking.
now you understand why it's called and organ.

Il la voit alors que ses iris alertes parcourent la foule grandissante, persuadé que Josie aurait profité de l'occasion pour se recueillir sur la tombe de leur mère; celle où elle repose pour l'éternité côte à côte au cercueil vide de leur père. Une silhouette fluette et chétive, à peine plus haute que trois pommes, nattes blondes comme le blé au vent, colibri mélodieux dans sa parka rouge, elle gambade facétieusement entre les ombres des passants qu'elle dérobe de toutes leurs couleurs sur son passage. Si spontanément solaire qu'elle les éclipse tous, blêmes et éteints et insipides contre le ciel opalin d’automne. Elle lui rappelle une autre enfant baignée de lumière, celle-là sortie de souvenirs aux contours floutés par une main lourde, si intensément qu'Ash peine à extirper son regard de son profil tourbillonnant. Elle s'arrête à l'orée du Bois qui assiège le cimetière de tout son poids spectral, au-delà des dernières tombes. Il inspire profondément. Le vent siffle entre ses côtes. Pas plus loin. "Une gamine va rentrer dans le Bois", dit-il à personne en particulier, et personne en particulier ne daigne répondre. Elle jette un regard au-dessus de son épaule en sa direction avant de s'élancer dans l'inconnu, engloutie par les branchages des arbres. La réaction est purement instinctive. Primale. Il se revoit, vingt ans plus tôt, poursuivre Josie entre les troncs, la supplier de ne pas tenter le Bois à nouveau. Un instant, et Ash a traversé le cimetière et la plaine qui le sépare des premiers arbres tentaculaires. Il ne s'en a pas trouvé aussi proche depuis des années, et l'appel devient assourdissant - il résonne tout le long de sa colonne vertébrale et bourdonne dans la veine qui bat contre sa tempe. Une main fantomatique se ferme autour de sa cheville, l'incite à se perdre, corps et âme, dans la mousse et les feuilles mortes. We've been waiting for you. Il hésite, figé à la lisière. Et puis, des pas battent le sol, une respiration aussi bondissante que la sienne. Ash se tourne et découvre Pippa sur ses talons. Il ne s'autorise aucune considération et s'empresse de demander, brusque et irrité : "Tu l'as vue, toi aussi ?"

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Sa mère, son père, sa sœur, sa fille. C'est dans ce cimetière que ces quatre personnes qui ont toujours compté dans la vie de Pippa reposent, et ce, sans compter les grands-parents qu'elle n'a jamais connu. Quel jour heureux pour les célébrer, pour célébrer les morts, alors qu'elle devrait fêter sa vie, son année de plus. Evidemment, Pippa ne souhaite plus fêter son anniversaire en ce jour si particulier, qui lui colle bien trop à la peau. L'année dernière, il fallait dire qu'elle était dans un lit d'hôpital, branchés et reliés à de nombreuses machines. Alors aujourd'hui, son frère et ses sœurs lui avaient demandé de venir pour se retrouver ensemble et consacrer cette journée aux êtres aimés qui n'étaient plus là. Mais sa vie ne tournait plus qu'autour de la mort, et de ce qu'elle avait fait à certaines personnes, du chaos qu'elle apportait, alors Pippa n'avait pas besoin de cette journée spéciale, car elle y pensait. Toujours. Aujourd'hui y dérogeant encore moins. Alors qu'elle déposa de nouvelles fleurs fraîches sur la tombe de sa fille Leena, sa respiration s'arrêta net lorsqu'elle vit plus loin une silhouette familière. Son cœur s'accélérait et elle se releva instantanément. Ne réfléchissant guère à ce moment, la Sharpe suivit la petite fille en essayant de la rattraper. En vain. Essoufflée et ne sachant plus par où passer lorsqu'elle arriva dans le bois, Pippa s'arrêta, posant ses mains sur ses genoux et essayant tant bien que mal de reprendre son souffle et de réfléchir à ce qu'elle avait vu. Elle se demande si une fille est bien passée par là, si tout ça n'est pas le fruit de son imagination, de sa volonté la plus profonde. Si Leena était bel et bien là ou si elle a simplement été victime d'hallucination. Elle était pourtant si sûre d'avoir vu son enfant courir, le tout semblant si réel. Elle jurerait même avoir entendu au loin son rire, un rire qu'elle pourrait reconnaître entre milles tant il était particulier. Seule, ses yeux s'humidifiaient, elle devait retrouver son bébé. Mais c'est lorsqu'elle reprit la marche et vit Ash peu loin d'elle qu'elle se reprit. — Quoi? Tu as vu une petite fille? Une petite fille blonde? Tu as vu Leena? Par sa question, elle répondait directement à celle d'Ash. Mais Pippa, elle était surtout étonnée qu'il l'ait vue lui aussi, elle n'était donc pas folle. Plus étonnée pour l'instant par sa même vision, que par le fait de le revoir ici. — Par où est-elle passée, tu le sais? On ne peut pas la laisser seule dans le Bois. Le ton de Pippa était certes alarmant, mais elle voulait à tout prix retrouver sa fille.

A Holly Springs, on se veut particulièrement respectueux des morts. Chez ce qu'il reste des Hazard, on ne se veut pas particulièrement respectueux d'Holly Springs. Izy a ses propres pierres tombales à fleurir, et elle est tout à fait capable de le faire sans la peer pressure de la communauté, thank you very much. Elle a sauté la messe ce matin, ne s'y sentant pas à sa place, encore moins invitée. Sa religion, seule clause d'exotisme à laquelle elle puisse prétendre, reste poliment exclue par la ville, poussée à la périphérie faute de savoir où la caser. Izy la pratique du reste bien peu, bien mal. Debout sous le porche, elle boit son thé, scrutant les abords du cimetière, de l'autre côté du jardin. De ce qui lui en est visible, elle parvient à deviner une vingtaine de têtes débordant du sommet de la haie. Distraitement, Izy se demande combien d'entre elles sont déjà mortes. Sous le blafard ciel automnal, elles ont toutes l'air fantomatiques. Ruth, son impérial chat, est perchée sur la balustrade, fixant la haie avec la même attention. Elle observe les quatre corbeaux qui en piétinent la crête, croassant un ton plus fort que les tremblotants vivants. Izy voit la catastrophe arriver avec une clarté chirurgicale, mais ne parvient pourtant pas à s'interposer à temps. Avant qu'elle ait pu reposer sa tasse sur le garde-fou, Ruth s'en est déjà allée à toute vitesse indiquer aux maudits oiseaux qu'ils ont un bout d'aile sur ses plates-bandes. Izy, passablement grommelante, suit le mouvement, minus la vélocité et l'enthousiasme. Lorsqu'elle arrive au niveau de la haie, du côté extérieur du cimetière, Ruth disparaît dans les branchages, pelage blanc entièrement englouti par la végétation. Merde. S'agenouillant avec force soupir, Izy tente de lancer son bras entre les branches. Le membre en ressort tragiquement sans chat, mais dotés de longues égratignures sur la surface de la peau. Well, rien de plus gothique que de déposer un peu de sang à l'entrée de la nécropole. Le mouvement semble avoir contrarié les corbeaux, et trois nouveaux arrivants ailés viennent en renforts, battant leurs ailes inconfortablement près de son visage. S'étirant sur la pointe des pieds, il lui faut quelques instants pour attraper le regard d'une personne à l'intérieur du cimetière de l'autre côté de l'épaisse haie. "Un chat. Blanc." L'incantation laisse son interlocuteur perplexe ; elle reformule, pédagogue. "Vous avez vu passer un chat blanc ?"

@qui veut ♡

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Le cimetière, il connait. Peut-être même un peu trop selon l'avis de certains citoyens de la joyeuse ville d'Holly Springs. Les murmures sur la tragédie des Goode, de cette famille qui disparait, les uns après les autres. Sa venue n'est donc pas une surprise pour celui qui a enterrer déjà trop de personne pour son compteur de vie. Les autres voient les fleurs près des tombes, remarque les sortes, discutent des roses sur la tombe de madame Johnson. Cove, lui, ne voit que des corbeaux. Cet oiseau qui l'observe toujours et qui est multiplié par un trop plein maintenant qu'il ose s'aventurer dans la ligne de leur territoire. Il ne se sent pas à l'aise, pas du tout. Probablement qu'il aurait simplement dû ne pas venir. Mais pour la mémoire de sa mère, de son père, de ses grands-parents, il dépose un arrangement floral sur chacune de leur tombe avec un bref sourire en se rappelant un souvenir heureux. Il n'oublie pas de poser un ourson et des fleurs sur la tombe déjà rempli de Leena, la petite qu'il gardait autrefois. Il pourrait presque se souvenir de ses rires, de son doux visage ensoleillé, de ses cheveux blonds, lorsqu'il regarde en direction des bois. Mais ce n'est que son imagination, Cove ne croit pas aux fantômes, ne croit pas que dans les bois se cache quoique ce soit. Pourtant, son regard rencontre la silhouette de Pippa qui s'infiltre dans la forêt en courant, et l'homme ne peut rester indifférent. Pippa! Attend! Dit-il en courant pour la rattraper. Cove se retrouve près d'elle, mais aussi de son vieil ami et voisin. Une situation qui le laisse perplexe dans le ton de leurs voix. Il tente de ne pas porter attention à leur agissement envers l'autre. Qui? Quoi? Respire. Vous avez vu quoi? Demande-t-il calmement, bien embêter par les corbeaux qui planent au dessus de leur tête, dont un sur une tombe qui le regarde attentivement.

Il se glace à la lisière du Bois, le myocarde foudroyant pris dans la tempête. Son regard glisse sur les ombres dansantes entre les troncs à la recherche d'une tache carmin. Dans ses souvenirs, les arbres semblent toujours plus menaçants. Plus hauts, plus sombres, plus vivants. Aujourd'hui, le Bois s'est fait docile et somnole paisiblement, mielleusement aguicheur. Ash sait que c'est précisément dans ces moments-là qu'il est le plus dangereux. "Je l'ai perdue de vue il y a moins de cinq minutes. Elle ne peut pas s'être trop éloignée." La panique de Pippa est palpable, elle fait vibrer l'air entre eux et charge la sienne d'un courant électrique qui plante ses crocs dans le bas de sa nuque. Il s'apprête à lui demander si la gamine fait partie du prolifique clan Sharpe quand Cove déchire le cocon des premiers feuillages. Ash le voit approcher de Pippa et tourne spontanément les yeux, perplexe et soudainement à l'étroit sous la voûte orangée des ramures de saison. "Un enfant. Dans le Bois." Pause gênée. "Il faudrait peut-être prévenir ses parents." Il pousse une branche qui lui barre la route, avide de mettre quelque pas entre lui et ce duo déconcertant, et doit fléchir les genoux pour esquiver la forme furibonde d'un corbeau bousculé qui lui vole au visage. Enfin, il les voit, lugubres et solennels, s'agglomérer au-dessus de leurs têtes, et leurs regards vitreux percent des orifices scabreux dans leurs crânes. Si il ignore laquelle exactement, la conviction que leur apparition sinistre doit avoir une signification est granitique. Il sait mieux que personne à quel point les enfants peuvent rapidement disparaître dans le Bois. Ash prend une longue inspiration et s'arrache au regard étrangement humain des corbeaux. A Pippa, il lance : "Tu connais son nom ?" Et sans s'accorder le moindre moment d'hésitation supplémentaire, il s'élance dans les bras grands ouverts du Bois pour la première fois en deux décennies.

But listen: it's probably nothing. If we had to shut down for every mysterious event that at least one death could be attributed to, we'd never have time to do anything, right?

Deux enfants aux vêtements sombres se glissent entre les silhouettes, le gloussement au bord des lèvres. Leurs coudes s'entrechoquent aux genoux des adultes, ils cognent un bouquet et dérangent la grille. L'attention qui leur est prêtée oscille entre tendresse et agacement, mais elle est toujours distraite, elle est toujours brève. Ils disparaissent entre les arbres, réapparaissent parmi les stèles, fredonnant un air qui paraît vaguement familier à tous sans que personne ne daigne mettre le doigt sur l'origine. La mélodie reste logée contre les tympans, reprise dans un murmure par les plus étourdis. Courir entre les pierres tombales est inapproprié mais personne dans l'assemblée ne se sent le courage de devenir messager de la bienséance. Ce rôle incombe naturellement à leurs parents. Cela dit, si qui que ce soit prenait la peine de jeter un coup d'oeil aux environs, il deviendrait évident que les enfants sont seuls. Si le coup d'oeil était plus poussé, il serait facile de s'apercevoir que ces enfants sont inconnus. Et le plus attentionné de tous, le seul qui prendrait la peine de les regarder au lieu de se contenter de les voir, celui-là finirait par baisser les yeux jusqu'à leurs pieds. Il se rendrait compte qu'ils paraissent flous - mais c'est sans doute la brume, sans doute la fatigue, sans doute leur course effrénée à travers les allées du cimetière. Celui-là se rendrait compte que les enfants paraissent ne pas toucher terre. Personne ne fait pourtant attention : chacun est absorbé par sa conversation, ses fantômes propres, et l'étrange comportement des corbeaux. Le fredonnement enfantin en fond sonore se fait plus urgent, jusqu'à se changer en une comptine dont les plus vieux ne connaissent que trop bien les paroles. Elle semble continuer à résonner dans le cimetière longtemps après que les enfants s'en soient allés, disparus aussi vite qu'ils se sont matérialisés, sous les yeux de tous sans que personne ne les voie.

Citation :: One for sorrow,
Two for mirth,
Three for a wedding,
Four for birth,
Five for silver,
Six for gold,
Seven for a secret,
Never to be told.
Eight for a wish,
Nine for a kiss,
Ten for a bird,
You must not miss.*

Sur la branche la plus proche, un corbeau croasse.

explications:

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Elle ne voulait pas venir, Pippa, elle aurait préféré éviter l’événement et attendre le prochain jour pour se rendre au cimetière. Mais elle est venue, elle est là, et elle se retrouve désormais à voir sa petite fille. Elle est paniquée, perdue mais tout ce à quoi elle pense, c'est que sa fille était là, qu'elle l'a vue de ses propres yeux. Et elle n'est pas la seule à l'avoir vue, si tant est qu'ils aient vus tous les deux la même enfant. — Tu sais très bien que cinq minutes peuvent être de trop., dit-elle à Ash avant que Cove ne vienne les rejoindre. — Cove, tu ne l'as pas vue, ni entendue? Elle était pourtant si lumineuse. Lui, semblait en effet ne rien avoir vu. S'il avait été là, il aurait pu lui dire que lui aussi avait vu Leena car lui l'avait connue, mais il n'y était pas. Et Pippa ne pourrait pas leur dire avoir vu sa fille, censée être morte depuis plus d'un an. Qui plus est, elle ne semblait pas avoir grandi, comme si rien n'avait changé depuis la dernière fois où elle l'a vue vivante. Alors, elle prétendait ne pas reconnaître ce visage, ne pas connaître l'enfant. Bien mieux que de dire Leena Alice Sharpe, fille de Pippa Sharpe et accessoirement, d'Asher Riddler. — Je n'ai aucune idée de son nom ou de ses parents. Mais retrouvons-la avant de retrouver ses parents. Et juste au moment où Ash s'en va à sa recherche, Pippa tente de le retenir en l'agrippant par le poignet, lui signifiant qu'il est probablement partie dans la mauvaise direction. — Elle chante, vous l'entendez? Une nouvelle fois, la mère reconnaissait la voix de sa fille, autant qu'elle avait reconnu son rire plus tôt. Mais n'était-ce pas son imagination qui lui jouait des tours, avec son envie si forte de la retrouver en vie? Et puis vint se joindre au chant d'une petite voix, le croassement de ces corbeaux auxquels elle n'avait pas fait attention plus tôt, tellement prise dans l'élan. Sept plus précisément. Pourquoi aujourd'hui? Pourquoi revoyait-elle Ash, revoyait-elle sa fille, et voyait-elle ces sept corbeaux, était-ce un signe? Essayait-on de lui dire quelque chose, de lui faire comprendre quelque chose? Il n'était même pas sûr que les deux près d'elle les voit ces corbeaux, Pippa étant si habituée à voir des animaux qu'aucune autre personne n'arrivait à voir. Mais dans son cas, il semblait à priori préférable de voir des corbeaux qu'un cerf.

Dernière édition par Pippa Sharpe le Ven 9 Nov - 0:12, édité 1 fois

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Ses pas martelaient le sol. Le soleil, timide, peinait à percer les quelques nuages de coton gris. Il en venait presque à espérer la pluie, digne refuge des plus démunis. En ce jour férié, l'enquêteur de police s'adonnait à son unique hobbie quotidien : la course à pied. Uniquement affublé d'un t-shirt noir et d'un jogging, sa silhouette se distingua rapidement des passants aux habits du dimanche. Il en avait presque oublié la date du jour. Esquivant consciencieusement la place de l'église, il ne deigna porter un regard en sa direction, souvenirs trop brûlants d'une époque révolue. A travers la musique assourdissante de ses écouteurs, il laissa néanmoins les fantômes du passé danser fugacement sous ses yeux. La démarche assurée de sa folle de mère, le traînant jusqu'à l'édifice austère et froid qui écrasait sa carrure gracile et enfantine de son arrogance. Chacun de ses pas dans ce sanctuaire lui avait glacé le sang, hérissé l'échine. Il ne se souvenait que trop bien de cette sensation d'étouffement, ce poids sur sa poitrine. La demeure du tout puissant lui avait toujours donné des hauts le coeur, fait détourner ses orbes bleus.

Sans même y réfléchir, ses pas le guidèrent jusqu'à Oakvale. Si le lecteur de son portable le coupait de tout bruit extérieur, il n'en ressentit pas moins l'atmosphère soudain écrasante qui y reignait. Les quelques perles de sueur présentes sur son front se firent glacées, alors que sa trachée s'enfonça sur elle-même. L'enquêteur se vit obligé de ralentir, la respiration lourde. Son sang cogna contre son crâne, alors que la musique se mis à grésiller au fond de ses oreilles. Interpellé, il s'arrêta net, une main sur le front. Le regard brusquement happé par le portail du cimetière, il ne se vit même pas s'y avancer, poussé par une force invisible. Il cru entendre un chuchotement, une voix s'adressant à lui à travers la réalité même. Ce n'est qu'un croassement qui le fit reprendre pied, faisant sursauter son coeur et son corps tout entier. Soudain agacé de se retrouver là, il retira abruptement ses écouteurs, jetant un regard blasé au corbeau à ses côtés.
La brise automnale transportait les effluves florales des divers bouquets. Il n'avait rien à faire là, il n'était pas à sa place. Mais une voix féminine le coupa dans ses retranchements, et il se tourna vers une jeune femme lui demandant s'il venait de voir passer un chat blanc. Il en aurait été étonné, s'il n'était pas un habitant de Holy Springs.
« Non. » Répondit-il simplement, haussant un sourcil circonspect. Le bois se fit frémissant dans son dos, il le sentit. « Vous désiriez en faire une offrande aux défunts ? » Il étira un sourire, il n'avait jamais prétendu être un bon blagueur. Puis, peut-être était-elle l'origine de cette voix qu'il avait entendu. Pourtant, il aurait juré avoir distingué un murmure lui demandant de le suivre.

@Izy Hazard

L'avant-bras extirpé de la haie en ressort écorché. Au sommet d'une griffe perle une goutte rebondie de sang, contraste saisissant avec la peau laiteuse, avec le ciel pâle, avec le noir des oiseaux et de l'humeur générale. Seule touche de couleur qui contienne un peu de vie dans tout ce tableau. Ennuyée, Izy tique. Elle essuie précipitamment le vermillon sur le revers de sa manche, mais pas avant d'intercepter le regard d'un corbeau tout proche, dardé sur l'égratignure. Izy fronce les sourcils, se persuade de sa propre paranoïa, mais la logique forcée ne fait rien pour contenir la chair de poule qui court le long de sa colonne vertébrale. L'homme qu'elle a interpellé daigne lui répondre, et elle aurait sans doute loué sa concision - Izy n'aimant rien autant que garder les interactions humaines à leur minimum - s'il n'avait pas suivi sa négation d'un trait d'esprit qu'en d'autres circonstances, elle aurait trouvé amusant. Dans l'état, sachant qu'elle va devoir arpenter le cimetière à la recherche de Ruth car l'ingrat félin est bien trop capricieux pour décider de rentrer au cottage de son plein gré, elle ne rit pas. À la place, sérieuse comme un pape, elle fixe l'homme dans les yeux. "Oui." Elle balaie le paysage du regard, espérant y trouver une tache blanche, mais la vue est drastiquement réduite par la haie qui la coupe du cimetière, et la manœuvre s'avère vaine. "Grand-mère adore son sacrifice annuel." Il semble pris de court, et Izy profite de la seconde de silence pour sentencer, sans aucun scrupule : "Vous cherchez de ce côté, moi de celui-ci. Des objections ?" Et avant qu'il n'ait pu répondre, elle est partie. Résolue à devoir entrer dans le cimetière, elle fait le tour des buissons jusqu'à atteindre la grille, et la pousse, les dents grinçant plus fort que la ferraille. Adieu les bonnes résolutions de se tenir à l'écart, et avec chaque pas à l'intérieur du cimetière, elle est assaillie par l'odeur pestilentielle des problèmes.

@Zechariah Quincy

A group of crows is called a murder. Et ici la voilà, à en voir deux, quatre, six, huit. Huit corbeaux, ombres noires sur le jade fané de la pelouse du cimetière. Enveloppée dans une suite de gros pulls, l’autre Jade elle fleurit la tombe de sa mère, comptant les volatiles par la même occasion ; qu’est-ce qui les attire ici ? C’est une question qu’elle pourrait se poser si ses yeux n’étaient pas déjà occupés à voir ce qui n’est plus ; la tombe qui n’était pas là il y a encore peu. Le trou qu’elle avait creusé. Les ombres, trois, de la cérémonie. Le sol encore intact qui précédait. Les pas qui y étaient passés. Les enfants qui y passaient. Non. Si ? Elle cligna des yeux et posa une main sur son front ; sortir dans des endroits chargés d’histoires comme le cimetière, surtout après un passage à l’église, ça lui prenait la tête, littéralement ; elle se sentait comme dans une brume étrange de choses passées et il devenait parfois dur de faire la part réelle au présent.

Parfois c’était peut-être mieux ; elle n’avait pas à faire semblant de ne pas voir, de ne pas entendre son frère, et son absence aussi bien que sa présence qui pesaient. Mais cette chansonnette, ces enfants passés devant ses yeux là où il n’avait rien mais là où se trouvait la tombe de sa mère, ça sortait de l’ordinaire confortable de Jade. Peut-être était-ce les bois qui lui jouaient un tour ? Cela faisait plusieurs jours qu’elle n’y était pas allée, peut-être manquait-elle à un devoir quelconque. Seuls les bois savaient. Mais elle ne pouvait pas y aller maintenant, pas sans risquer une confrontation, qu’elle souhaitait éviter, avec Ash.
Les enfants, ils n’étaient plus là, peut-être les avait-elle rêvés, peut-être étaient-t-ils des échos tellement lointains qu’elle n’arrivait plus à les toucher, elle n’aurait su dire alors qu’elle posait son regard pâle sur les autres tombes, observant les fleurs déposées disparaître d’avant leur arrivée, et les anciennes fanées les remplacer lentement. Jusqu’à entendre de nouveau le chant d’un enfant. Se tournant vers le son, ignorant les corbeaux, elle vit l’empreinte d’une vie heureuse passer devant elle, Pippa et sa fille, main dans la main ; une vision qui n’existerait bientôt plus. Suivant des yeux les fantômes d’un temps passé, elle s’arrêta sur une Pippa plus axée dans le présent, seule, ou presque, à l’orée du bois, où son frère s’apprêtait à s'engouffrer. L’étrangeté de la chose fut plus forte que le besoin d’éviter Ash, alors Jade s’approcha, lentement, essayant de comprendre sans vraiment y être capable, perdue dans ses échos. « Pippa, what is happening? » demanda-t-elle doucement, autant à la blonde nommée qu’à l’ami d’Ash qui se tenait à leurs côtés, ignorant complètement l’image de celui qui partageait pourtant son sang.

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Un, deux, trois, cinq, sept. Cove compte sept corbeaux, perchés à différents endroits dans le cimetière, pas besoin d'être bon en maths pour avoir le sang qui se refroidit à l'idée qu'ils représentent sept futurs morts. Les frissons qui parcourent son échine ne sont qu'augmentés quand il entend la voix frénétique de celle dont le coeur arrête plus souvent que la pluie à Holly Springs. Il pense même divagué un court instant quand ils parlent tous deux d'un enfant; Pippa insistant sur une jeune fille. Comme Leena? Le songe passe en moins de deux, car il a mieux à faire de sa tête que se perdre dans cette brume qui sépare réalité d'imagination; celle dans laquelle la blonde semble être plongé trop profondément pour en être sortie sans impact visible. Il joue le jeu, pour elle, mais aussi pour ne pas se causer de maux de têtes non-désirés. Elle est probablement tout près. Dit-il sans avoir l'intention de s'enfoncer dans les bois, sans vouloir posé le pied dans un piège. Il connaît cette forêt, ses effets. Il l'a vu sur le visage de son ami, de son voisin. Jamais plu. Le Goode fronce le regard en entendant la voix, étant certain qu'elle se faisait des illusions, berçait cette pensée idyllique que sa fille était revenue à la vie. Je- je l'entend. Un regard en direction d'Ash, un murmure silencieux pour demander s'il ne devient pas fou, si sa tête ne lui joue pas d'affreux tours. Précisément à cet instant, la voix de yet another Riddler résonne dans ses tympans. Une enfant est perdue dans les bois, il y a une infestation de corbeaux et j'aurais préféré une réunion de voisins ailleurs que dans les Bois. La moue grandissante sur son visage est coupé court par la vision en face de lui d'une silhouette petite et blonde, chantonnant dans le fin fond des Bois, rayonnant. Là-bas! Dites moi que je ne suis pas fou... Il pointe du doigt le fond du bois, attendant la marche générale vers la petite pour presser le pas, juste au cas où ses yeux lui joueraient des tours.

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» ◦ dead of night.
» I did not sign to communicate with the dead.