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 the story of the story – ash

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Izy Hazard
third gear through emptiness.
Izy Hazard
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Reputation : clockmaker's daughter; bitter, wounded thing, has cogs in lieu of a heart. proceed with caution, or not at all.
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  Sujet: the story of the story – ash    Mar 30 Oct - 16:20


Let me tell you things.

There's that story of the girl with red hair who ran into the woods and never came out again and there's that story of the girl with red hair who found the man who wrote the story about the girl with red hair who ran into the woods and never came out again, and she marched him into the woods with her eyes all ablaze.
Then there's the story of the story, and there's no arguing with that.

***

Le sommeil est intermittent, léger et indécis - question de respect pour l'insomnie de la veille. Il serait de mauvais goût de tout à coup retourner sa veste. Les secondes se cognent contre ses tympans, les draps sont tentaculaires autour de ses jambes, cela fait trois fois que la fenêtre de la chambre s'ouvre grand, motivée par rien d'autre que la plus infime brise et sa propre volonté. Le cottage émet ses craquements habituels de bicoque faite et remplie de bois. Les seuls sons que vingt-six ans de familiarité n'ont pas rendus inaudibles sont les griffes accusatrices de Ruth, au rez-de-chaussée. Toutes les deux heures, like clockwork. A l'évidence, feu sa précédente maîtresse lui manque toujours. La royale bestiole passe son sentimentalisme sur les meubles et, étant donné qu'il n'y a personne pour s'offusquer des dégâts, Izy laisse faire. Au milieu de la paresseuse symphonie, le changement minime dans la fréquence des grincements passe inaperçu. Il est remarqué par le cerveau somnolent mais non analysé. Rien qui sorte suffisamment de l'ordinaire pour s'en alarmer.
Waning Gibbous Moon : even dead trees are restless.

C'est le félin, contre toute attente, qui sonne l'alerte. Ruth, d'habitude trop oisive pour les escaliers, gratte à la porte de la chambre. Izy est tirée de son sommeil de fakir en deux secondes et traverse la pièce en trois, enfilant - dans l'ordre - agacement, moue et pull jeté au pied du lit. La fraicheur de la nuit d'octobre mord ses jambes nues ; la fenêtre s'est encore ouverte. Izy ouvre la porte dans le couloir, paupières mal éveillées clignant sur la vague forme blanche à ses pieds. Ruth pousse un unique miaulement interrogatif. Il s'explique un bref instant plus tard, lorsque le motif de craquements au rez-de-chaussée devient transparent. Des pas. Izy aime se dire qu'elle est mentalement préparée à cette éventualité depuis que Mrs Ashworth du bout de la rue fut cambriolée l'année dernière. Pourtant, la première réaction est une panique acide. Elle lui envahit la gorge subitement, mais est de courte durée, presque instantanément remplacée par de l'irritation. There goes a good night sleep - et au revoir l'espoir de soulager l'insomnie de la veille. Dans le silence absolu de celle qui connait chaque centimètre de plancher, elle se glisse dans son atelier, de l'autre côté du couloir. Y récupère un long pied de biche, originellement acheté pour les travaux de grande envergure mais gardé contre le chambranle pour, précisément, l'éventualité d'une intrusion. Fantomatique, Izy descend les escaliers, accompagnée du pitter patter feutré des coussinets. La logique du non-conflit voudrait qu'elle soit tonitruante contre les marches, qu'elle allume chaque interrupteur sur le chemin, donner une chance à son brigand de foutre le camp avant que ses pieds nus ne rencontrent le seuil. L'agressivité qui bout sous sa peau approuverait la démarche. Pourtant, rancunière, elle exige un coup d’œil ogresque à son nuisible, une voix d’outre-tombe qui s'exclame : who dares disturb my slumber?

Sa connaissance encyclopédique des lieux illumine le chemin, la lune descendante est un proche second. Rasant les murs, Izy la voit d'emblée : une silhouette colossale se tient dans l'embrasure séparant le hall d'entrée de la cuisine. Il fait trop sombre pour qu'elle sache si elle lui fait face ou lui tourne le dos. Il bouge - parce qu'il devient vite apparent qu'il s'agit d'un Il - et le bref profil donne la réponse. Elle fait face à une pile de vertèbres. Tandis que la maison fait craquer ses doigts autour d'eux, Izy retient sa respiration. Savourant son effet de surprise, elle hésite une seconde à lancer un grand coup de pied de biche entre les omoplates de l'intrus. Deux pas en avant, et elle l'aurait à sa portée. Elle contemple le projet pendant cinq battements de tympans, mais les risques dépassent les pros. Dommage. Ses doigts courent sur le mur derrière elle et trouvent l'interrupteur de l'entrée. Le plafonnier grésille. Ses paupières endormies crépitent. "Nothing to steal here pal. So kindly leave before I lobotomize you." Prétendre qu'elle a déjà appelé la police - yes or no ? Trop transparent ? Elle hésite. Le dos esquisse un mouvement, elle brandit aussitôt son pied de biche. Un geste de trop et elle swingue. Elle en meurt d'envie. Bon vieil épuisement physique pour guérir son sommeil à trous. "And don't try anything, schmuck." L'avertissement est ponctué d'une mise en garde quasi médiévale, son épée de fortune tenue à deux mains, ondulant entre eux. "I'm small but feisty."


Dernière édition par Izy Hazard le Dim 11 Nov - 17:21, édité 2 fois
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Ash Riddler
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  Sujet: Re: the story of the story – ash    Mer 31 Oct - 14:16


“There are many different types of beginnings. And who’s to say we haven’t imagined our lives up to this point? Who’s to say we haven’t been propelled into this world from a parallel universe? One that’s just come into existence? This could be the very beginning of it, now. I mean, there’s no one else here.
Listen. It’s completely quiet.
▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬
Like calls to like. L'Horloge ronronne sous sous ses phalanges. La réaction est fugace, à peine perceptible, un carillon tergiversant contre l'effleurement timide de son index comme un roucoulement euphorique. Oh, I know You. Tous les deux, ils soupirent en unisson.
On dit qu'écrire un livre, c'est comme mettre un enfant au monde. On le couve tendrement, on s'assure de lui donner toutes les armes nécessaires à affronter le grand méchant univers. Et puis, on le laisse prendre son envol. Mais, ça, c'est un peu trop littéral, même pour lui.

Ash est entré dans le but de voir l'Horloge. La partie facile. Tout est exactement comme il l'a laissé. L'ouverture dans la clôture, là où Ezra a empalé sa bicyclette, des années auparavant, et qui n'a jamais été colmatée. Le double des clés dissimulé dans la balustrade du porche, pour les urgences, jamais récupéré. Autour de lui, le cottage respire, emmitouflé dans le manteau cotonneux de la nuit. Instinctivement, il sait quelles sont les lattes du parquet qui protesteraient sous son poids. Ses pas sont prudents mais renseignés alors qu'il traverse le hall d'entrée pour pénétrer la cuisine et les bruitages sourds de la bâtisse qui tremble au ryhtme des caprices du vent déguisent son intrusion de bon gré. Et puis, Elle est là, domine la pièce de sa présence babylonienne. La lune perce la fenêtre sous l'angle parfait et frappe le cadran de plein fouet. L'instant est délicieusement cinématique et, la nature le voulant particulièrement sensible à la notion de climax, il le cisèle délicatement derrières ses paupières puis le fourre dans la poche intérieure de sa veste, à l'abris, contre sa cage thoracique. Ash est entré dans le but de voir l'Horloge, et de la détruire dans l'éventualité où elle serait réelle. La partie pas si facile. Elle et lui, ils se sondent mutuellement, appréhensifs mais curieux. Il savait qu'il y aurait un moment éclairé de reconnaissance, d'appel. Mais il y a un monde de différence entre rationnellement le savoir, et constater avec émerveillement que le tic-tac du pendule, tonitruant sous le couvert ténébreux du silence perforé, s'aligne sur les battements effrénés de son propre cœur avec une précision mécanique. Instantanément, il sait qu'il serait viscéralement incapable d'y déchirer même une égratignure.

Il y a une raison qui explique cela, et elle vaut également pour le désespoir ouaté qui envahit ses os à chaque fois que l'une de ses créations disparaît; ils sont façonnés de la même étoffe. Alors que ses doigts papillonnent sur le bois lisse, la réalisation est foncièrement irrécusable. Like calls to like. L'Horloge ronronne sous sous ses phalanges. La réaction est fugace, à peine perceptible, un carillon tergiversant contre l'effleurement timide de son index comme un roucoulement euphorique. Oh, I know You. Tous les deux, ils soupirent en unisson. Son toucher est révérencieux, humble face à l'omnipotence du Temps. Ash a beau être le créateur, il se soumet volontairement à son dictat. L'idée qu'il soit parti à sa recherche dans le but de l'anéantir est maintenant ridicule, tout bonnement risible. Il s'y arrache, péniblement. L'Horloge grogne, le somme de revenir. Il trouverait un autre moyen. En quittant la cuisine, il s'autorise un dernier regard.
Il n'aurait pas dû.
Si obnubilé par le Temps qu'il en oublie l'instant présent, il ne l'entend pas arriver. Et puis, elle est là, domine la pièce de sa présence babylonienne. Ash fait volte-face alors que le plafond s'illumine et baigne le hall se la lumière jaunâtre et agresse ses pupilles accoutumées à l'obscurité opaque. Entendre sa voix, grain précis de son imaginaire matérialisé depuis rien que quelques mots, état déjà une chose. La regarder droit dans les yeux en était toute une autre. Une abeille était une abeille. Son chien était son chien. La limite était censée avoir été atteinte. Il ne conçoit pas le jour où ça cesserait d'être si profondément troublant. Une femme, en chair et en os et en connexions nerveuses complexes et en irritation apparente, sortie des tréfonds de son esprit avec une vie entière indépendante de la sienne. Elle n'était pas supposée le voir, ne ce soir, ni jamais. "Yes, well, I'm shaking in my boots." Il frotte ses yeux, un peu pour les soulager mais surtout pour éviter qu'ils ne se posent sur la silhouette furibonde d'Izy. Parce qu'il sait qu'elle en meurt d'envie, sous la menace du pied de biche qu'elle brandit, il s'empresse d'ajouter, las : "I was on my way out, and I didn't take anything of yours." Un chat blanc se faufile entre ses jambes et se râpe contre ses mollets. Ruth, serpentine et ronronnante, elle aussi, reconnaît la main de son architecte et Ash se penche pour déposer une caresse sur sa tête soyeuse. Il tente de se faire félin, à son tour, le tout pour le tout pour retomber sur ses pattes. Face au danger, il est dit qu'une décharge générale du système nerveux orthosympathique amorce à l'animal au combat ou à la fuite. Trop souvent, Ash choisit le combat. La commissure droite de ses lèvres s'élève en même temps que son sourcil gauche. "You can check, if you like. Aren't you cold? " Le ton est calculé au millimètre, sucré et doucereusement narquois, mais assez condescendant pour paraître bénin, conçu pour détourner son attention et la mettre elle dans l'embarras. Que ça prenne ou non, il s'en inquiète peu. L'intention est transparente, il se taille un chemin; il en voit l'ombre, de son autre moyen. Ce qu'elle pense de lui au détour, ça n'a aucune sorte d'importance - ce serait, selon toute probabilité, la dernière fois qu'ils se rencontrent, il allait s'en assurer. D'un signe de tête, il désigne l'Horloge dans la cuisine. Ash est un conteur, alors il conte. "Did you know it took thirty-seven tries to make it right? Exactly thirty-seven. And once the watchmaker got it wrong, he had to start everything back from the beginning. Back to step one, each time, starting again from scratch. And then, he did, and it was precisely perfect. He'd say that he couldn't have done it again, even if he wanted to. That, that last time, that thrity-seventh time, it had been like he was sleepwalking, his hands moving from their own volition. The work of his life. Too bad he never got the recognition he deserved, don't ya agree? Such a master, such a masterpiece." Une pause, pour effet dramatique. Elle le pense dérangé ? Qu'il en soit ainsi, il incarnerait le rôle jusqu'au bout. "Do yourself a favor, get rid of it. That Clock, it's cursed." La voilà, sa mise en garde à elle et sa déresponsabilisation à lui. Il la jette maigrement à ses pieds, qu'elle en fasse ce qu'elle veut. Le regard fuyant vers la porte de sortie, de laquelle elle lui barre la route, il espère que ce sera suffisant pour faire taire sa foutue conscience.

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  Sujet: Re: the story of the story – ash    Mer 31 Oct - 18:43


Il se retourne et elle se hérisse. Il est Romantique dans ses mouvements, arrogant rôle principal d'une épopée. Les bribes de sommeil restées lovées aux jonctions des paupières d'Izy baignent la scène de brouillard. Elle choisit de se dire que c'est de là que vient l'aura dorée qui détoure la silhouette de l'intrus ; rien de plus que la somme du flou gaussien et de l'ampoule jaune. Il est trop grand pour le cottage. Trop étranger pour y paraître à ce point à l'aise. Ses mouvements semblent connaître les lieux, y être parfaitement à leur place, taillés au millimètre pour la pièce qu'il occupe. Elle le déteste aussitôt. L'impression se confirme dans la foulée. Une réaction dégoulinante d'insolence, et de l'autre côté du vide, deux paumes qui se resserrent autour d'une tige de métal. Elle grogne. "By all means. Anger the woman wielding the crowbar. Seems strategically sound." Sa voix est rauque de désuétude, causée par l'heure ou par l'isolation. Elle n'est pas tout à fait certaine de l'avoir utilisée aujourd'hui. Ruth, déloyale jusqu'à la moelle, passe aux tranchées adverses, courbe la fourrure contre le pantalon ennemi. Pour la première fois en deux ans, l'animal ronronne. Le son est si étranger aux oreilles d'Izy qu'elle prend quelques secondes à l'identifier. Etranglée d'une jalousie dont elle se croyait incapable, elle doit se faire violence pour ne pas envoyer valser le pied-de-biche dans la rotule de l'étranger en représailles. Remember who feeds you, tramp. Izy serre les dents. Ses yeux, remontant de la main araignée sur le pelage de son chat à l'épaule qui s'y rattache, se nourrissent d'un premier vrai regard. L'homme est vaguement familier. La courbe de sa mâchoire, son visage à la feuille d'or, ça titille un savoir enfoui, un fil enroulé dans ses entrailles sur lequel elle ne parvient pas à tirer. Jusque là, ça n'a aucune signification. À Holly Springs, tout lui est usuel. Something in the air, un filtre fixe qui baigne tout tableau de la couleur pénétrante du déjà-vu. C'est le fait qu'il lui soit profondément étranger qui la dérange. L'élégance des tissus ; celui des vêtements, celui de la voix, celui de la peau. L'odieux angle auquel se pend son expression. Il diffère sèchement de ce dont elle a l'habitude, particulièrement de ce qu'elle s'attendait à trouver fouinant dans sa cuisine en pleine nuit. Sinistrement familier, ou L'inquiétante étrangeté freudienne. Izy revoit la situation à la hausse, sait immédiatement qu'il ne s'agit pas d'un cambriolage. Mais pire. À son intonation - didn't take anything of yours - elle a la distincte impression qu'il est venu récupérer un objet qu'il pense sien. Elle raffermit la prise autour de son arme.

Avec minutie, sans pudeur, elle l'observe, à l'affût du moindre signe. Elle contrôle sa respiration dans l'espoir vain de calmer le battement dans ses oreilles. Avec l'arrivée de la lumière, l'acouphène s'est fait rapide, assourdissant, une bête tapie dans son crâne qui martèle la porte de ses poings, qui exige de sortir. La migraine est puissante mais Izy l'est davantage. L'homme se change en miel, du velours sur l'acier. Elle renâcle. "Oh shut up." Le pied-de-biche est lourd et ses bras flanchent. Toutes les dix secondes, ils redescendent progressivement avant de cahoter violemment vers le haut dans une secousse électrique. Like clockwork. Saba, son grand-père, avait le verbe facile. Le plus éloquent des Hazard. Probablement le plus loquace aussi car la barre a toujours été placée désespéramment basse. La nuit de la naissance d'Ezra, ils étaient seuls dans la maison, les parents s'étant précipités à l'hôpital. Izy était hystérique, pensant connaître suffisamment la condition humaine du haut de ses quatre longues années d'existence pour savoir que les cris de Maman présageaient du très mauvais. Saba l'avait hissée sur ses genoux, pointant l'Horloge d'un doigt fin et courbe. Did you know it took thirty-seven tries to make it right? Exactly thirty-seven. Or so the story goes. And once the watchmaker got it wrong... Izy déglutit. Saba mourut deux semaines plus tard. Fil de vie maintenu tendu juste ce qu'il fallait pour rencontrer sa descendance. Vingt-deux ans plus tard, elle esquisse un abrupt pas en arrière. Dans la manœuvre, le pied-de-biche rencontre la malheureuse console de l'entrée qui oscille une seconde devant l’abysse avant de retomber sur ses pieds. L'acouphène s'est calmé, mais c'est son rythme cardiaque qui s'emballe. La crainte creuse un sillon dans sa gorge. Il parle de l'Horloge et il a une Majuscule dans la Voix. Elle a peur de l'avoir entendu autant que d'avoir pu l'entendre. "It's not cursed." Un besoin enfantin mais anatomique de le prendre en faux, d'affirmer qu'elle domine et qu'il transgresse. "It's the curse." And we're the cursed ones. Il jette un regard vers la porte ; même pas en rêve. Izy shifte sur un pied, pivote pour lui barrer plus fermement le chemin. Pour indiquer clairement que non, il n'ira nulle part. Le pied-de-biche s'élève entre eux jusque à atteindre le sternum de l'intrus, et Izy fait mine de pousser pour l'obliger à esquisser un pas en arrière. Qu'il batte en retraite dans la cuisine, hors de l'axe de sa propre fuite. "Now who the hell are you?" Deux battements de cœur, deux magistrales secondes qui scintillent sur le plafonnier, puis un décibel en dessous, incertaine, more to the point, "Do I know you?" Dans cet ordre là et précisément dans cet ordre là, parce qu'il n'existe plus aucun doute que l'inverse soit vrai.
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  Sujet: Re: the story of the story – ash    Dim 4 Nov - 20:01


Chaque bouquin qu'il écrit est préludé par une myriade de carnets noircis ; un processus aussi long qu'éparpillé où il esquisse le croquis méticuleux de l'histoire qui prend forme avec toute la verve du perfectionniste. Ash aime s'imaginer technicien du récit, chef d'orchestre de la narration, il brouillonne avec précision et minutie. Il ne laisse aucun détail au hasard, créateur trop gourmand pour laisser un concept aussi abstrait lui résister. Il peut parfaitement se visualiser devant l'étagère qu'il réserve à ces journaux, dans son appartement de Brooklyn. Il voit ses doigts glisser le long de leurs tranches craquelées et cueillir un film de poussière sur leur passage. Ici, il trace l'angle obstiné de son menton et constelle ses pommettes de taches de son. Là, l'infuse d'audace, trempe son esprit d'acerbité, taille des tripes qui ne se trompent jamais. Et puis, ici, il la fortifie d'un amour plus grand que le monde pour son frère. Tous, il pourrait les désigner avec exactitude. Elle brandit son pied-de-biche comme une épée de fortune, les paumes si fermement closes autour du morceau de métal qu'il soupçonne que ça doit être douloureux. L'image est si Izy qu'il aurait pu l'écrire. "I take it you weren't in church on Sunday? "Only your maker can curse you."" Il ricane silencieusement, pour lui-même. Ce passage-là, il remplit deux carnet entiers à lui tout seul.

Elle a beau le menacer de son arme, la balance penche ignoblement en sa faveur à lui - c'est seulement la seconde fois qu'ils se rencontrent, et, pourtant, il la connait mieux qu'elle ne se connaîtra jamais. Elle le toise avec méfiance, et il ne peut s'empêcher de lui envier cette habilité, celle de le voir comme un étranger. Elle lui est déjà si viscéralement familière qu'il est incapable de l'imaginer en tant que tel. Il lui envie son pied-de-biche, aussi. Pas pour s'en protéger, mais pour s'ancrer dans le présent, un objet tangible comme une bouée de sauvetage en haute mer, pour s'extirper du vide dans lequel il flotte, tant l'instant semble irréel - encore davantage, sous l'enveloppe nébuleuse nocturne qui immerge le moment sous les songes éthérés, que dans son atelier quelques jours auparavant. Elle le force au recul stratégique dans la cuisine. A court d'options, ses mains avides d'amarrage ne tâtent que l'air flegmatique d'une nuit d'automne, il se penche et agrippe le chat. Il le ramène contre son torse et l'animal s'y blottit instantanément, la soie de sa fourrure contre la laine de son pull, thorax contre thorax. Le rythme cardiaque du félin cahote aussitôt, Ash peut sentir son cœur palpiter, oisillon effervescent emprisonné dans sa cage thoracique, sous l'épaisse couche de poils, mais Ruth est paisible dans ses bras. A l'autre bout de la barre de fer, Izy grésille. Sa petite anecdote a fait son effet; la maladresse soudaine ne ment pas, il l'a déstabilisée. La vague de suffisance qui s'abat sur lui est aussi corrosive et malvenue qu'évidente, les voilà sur le même pied d'égalité, mutuellement perturbé par l'existence de l'autre, et ça lui plait. "Keeping people in against their will might not be quite as bad as trespassing but, you know, close enough." Il recule de trois pas encore. Espace et perspective. Il liste les possibilités qui s'offrent à lui. Elles sont limitées. Ses reins rencontrent la surface d'un plan de travail. Fait comme un rat. Plus que tout, c'est le contact inopiné qu'il redoute. Une seconde, l'effleurement le plus furtif, le poids d'une aile de papillon, suffirait à cristalliser le doute. A la mettre sur la voie. Non. Ash n'est rien si pas astucieux. Deux tiers de sa vie, il les a passés à broder sa langue de velours pour noyer le goût amer des mensonges. Ash, il est fait de chair, d'os et de mythologie; le veines écumées de fumée, éternellement insaisissable. Tout naturellement, il file ses mots d'innocence, revêt le masque avec une facilité enfantine. L'expérience lui a appris que le faux sonne mieux clairsemé, quand il est teinté de vrai. "Of course you know me. I mean, you must. You fixed my watch last week." Les yeux ronds, il lève son poignet gauche où trône la montre bas de gamme de son père, à la fois sans valeur et inestimable. Elle en avait machinalement changé la pile pendant qu'il avait été réduit au silence par l'horreur et a jeté quelques billets sur le comptoir avant de de disparaître dans un tourbillon, assailli par les sueurs froides. "My family used to live down the road, about half a mile from here. Big white house with the huge oak tree in the driveway? My sister used to tie ribbons in it. For good luck and blessings." Tout est là pour lui donner un air inoffensif. Les fragments d'une enfance aux accents similaires, les détails personnels, le sujet de la famille. Mais c'est aussi la première réalisation accablante, après sa rencontre avec Izy. Leurs destins sont analogues, toujours proches mais jamais convergents. Deux lignes parallèles. Combien de fois s’étaient-ils croisés ? Holly Springs pourrait tout aussi bien entre enfermée sous un dôme de verre. Toujours le même oxygène éculé, toujours les mêmes visages cireux. Comment avait-il pu la manquer ? Il soupire, serre Ruth un peu plus fort et elle miaule en protestation. "Look, I'm a writer. I research. I've heard about the Clock and your family history. I really am a moron, ok? I was passing by and thought I could swiftly take a look and be on my way. I never meant to give you such a fright." Il gratte la tête du félin, satisfait d'avoir les mains occupées, qui s'apaise sans tarder. "But if you insist on chit-chating, I'd like some tea and biscuits", ajoute-t-il avec un sourire en coin.

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  Sujet: Re: the story of the story – ash    Lun 5 Nov - 16:59

Elle le voudrait craintif, les genoux carillons tintant au dessus de son plancher. Un joli bégaiement pour accompagner son acouphène métronome. Strict minimum, elle se contenterait de simplement anxieux. De la raideur dans la mâchoire, des lignes tendues sous les vêtements. À la place, il la toise du haut de sa suffisance et, territoriale, Izy se raidit. L'air consommé siffle à travers ses dents serrées. Sa maison, son plancher, son clair de lune, son interrogatoire, son foutu chat - et s'il faut faire dégringoler l'arrogance des épaules de l'étranger à grands coups de pieds-de-biche, elle pourra s'en faire persuader sans trop de difficultés. Comme pour la pousser de l'autre côté de la démangeaison, il soulève Ruth. Prise de court, Izy se gèle sur le seuil de la cuisine. Elle voit le geste comme une cruelle tentative de rétribution, un œil pour un œil, ou à défaut, le plus approchant. Elle lui bloque la sortie, il kidnappe son chat. Les mains de l'inconnu forment un contraste glaçant sur le pelage blanc, même sous cet éclairage hésitant, à peine touché par les mèches de lumière glissant du hall d'entrée. Izy interprète la vue de ses doigts autour du corps frêle du félin comme une menace, et elle se solidifie aussitôt en un bloc de glace abasourdi. Elle a beau être plus ou moins certaine d'avoir entendu une douzaine de colibris chanter Les Quatre Saisons sur le rocking chair du porche mardi dernier, la prise en otage de son chat est quand même la chose la plus étrange à avoir lieu cette semaine. Izy secoue la tête, véhémente. "This is Dixie territory and I'm a woman living alone. Nothing is as bad as trespassing." Les implications sont claires ; lisibles dans l'arche dur de son sourcil. Appelle donc le shérif. Demande-lui ce qu'il en pense. À titre personnel, elle n'a pas le moindre doute quant au fait que l'irritante et réputée galanterie du Sud jouera en sa faveur. Elle est à moitié certaine de pouvoir percer un trou dans sa jambe à l'arme à feu et être toujours considérée comme la grande victime de la rencontre, romantisme pénétrant d'un sol toujours épris de Scarlett O'Hara. Pour une question purement logistique, la théorie en restera une.

Il invoque le souvenir d'un service rendu, celui d'une grande maison blanche, et elle le fixe, dénuée d'expression. Lâche, flegmatique "This means nothing to me." En toute justice, si son propriétaire lui est totalement inconnu - la familiarité, pourtant tangible, étant précisément trop familière pour qu'elle puisse en déduire quoi que ce soit - la montre, quant à elle, attise un vague souvenir. Une journée comme les autres, un échange en tout point quelconque, et une corbeille mentale automatiquement vidée en abaissant le volet de fer sur la devanture. L'importance de faire de la place pour ce qui importe. Depuis le départ d'Ezra, rien ou presque n'a encore rencontré ses critères exigeants d'archivage mémoriel. Rien ou presque avant la présente interaction. Thirty-seven tries to make it right. Quant à la maison aux rubans, le signifiant ne rencontre aucun signifié. En fonction de la direction que prend le demi mile en question, c'est une demeure devant laquelle Izy passe tous les jours, ou une demeure qu'elle n'a jamais aperçue. Dans les deux cas, elle n'a aucune raison d'en avoir enregistré les caractéristiques. Sa mère avait l'habitude de la qualifier tendrement de "comically oblivious". Ce à quoi Izy répondait traditionnellement par cinq longues secondes de silence, un clignement languide des paupières et un hmm ? Tout le monde à Holly Springs le sait. En ville, sa réputation la précède, soulève son chapeau à sa place tandis qu'Izy a l'esprit ailleurs et le regard nulle part. On ne lui en tient plus rigueur ou on a l'hypocrisie de le prétendre. Tunnel vision exacerbée, rien n'est visible s'il est oubliable. Izy incline la tête sur le côté, fronce les sourcils. "Keep the day job, Hemingway. You're bad at this. Dragging the good Stalker name through the mud, there." Pour quelqu'un qui en sait beaucoup trop, il est bien mal renseigné. Cynique ascendant juive, elle n'a jamais mis un pied à St Jude, ni aucune autre église. Elle n'en a strictement rien à faire du chêne supposé le rendre humain puisque, selon toute probabilité, elle ne l'a jamais remarqué. Il aurait donc entendu parler de l'Horloge, mais non pas des traits élémentaires du Cerbère qui veille sur ses rouages. De l'extrémité de son arme de fortune, elle désigne Ruth. "Put the cat down." Elle espère que les tressaillements qui criblent le mouvement ne trahiront pas seulement le poids de l'objet, mais aussi son empressement à l'utiliser si le besoin s'en faisait d'aventure ressentir. Elle ne se laisse pas duper par l'air affable, encore moins par le prétexte de la recherche. L'Horloge est un secret bien gardé, tout comme l'est sa genèse. Ainsi que sa Majuscule. La voix d'Izy tremble car elle la force à dominer le silence, à remplir toute la pièce. "What do you know about the curse?" Puisqu'il est enclin à la fuite reptilienne, elle rétrécit l'étau, autant conversationnel que physique, un pas en avant et une accusation de plus, "Who told you?" Thirty-seven tries to make it right. Ça leur appartient, c'est à eux et rien qu'à eux. Fair and square, la mythologie gagnée à la sueur du front, comme cette bâtisse, comme la boutique, comme leur nom et les jolies pierres tombales qui le revêtent. L'Histoire évolue en circuit fermé, tenue à l'écart des oreilles inconnues. L'équation est simple. Si elle ignore qui il est, il ne peut pas savoir qui ils sont. Il ne peut pas connaître quoi que ce soit de plus profond que les entailles dans la façade en bois clair. Son pied-de-biche tressaille tandis qu'une marée de doute grimpe dans ses poumons. L'outil retombe lentement le long de sa jambe, l'extrémité griffant son genou sans qu'elle y accorde la moindre attention. Elle fait un pas de plus en avant, le battement si lourd dans ses oreilles qu'il pénètre jusqu'à sa gorge et y insère ses griffes. Elle observe goulument l'intrus, cherche des schémas connus imprimés dans son visage ionique, une carte dessinée sur ses traits. Thirty-seven tries to make it right. ... Ezra ? L'espoir est aussitôt barré. L'instinct sororal a beau hiberner, il n'est pas mort ; il n'y a rien de son frère dans l'intrus. Rien de Perkins et pas une once de Hazard. Ils sont peu éclairés, alors elle s'acharne. Izy approche d'un autre pas, poings serrés. L'acouphène tambourine sur le rythme de l'Horloge, tonitruant. Les deux tempos s'accélèrent à l'unisson et Izy le sent sans devoir jeter un coup d'oeil vers les aiguilles, faute à la déformation professionnelle ou à la texture de sa propre chair. Thirty-seven tries to make it right.
"Or so the story goes."
"What story?"
"
The story."
"Who tells
the story, Saba?"
Un sourire. "Who else?"

"Are you Time?" La folie à bout portant. Izy est vulnérable dans sa névrose, paranoïaque dans sa crainte d'avoir déçu son créateur. Who else? Le battement s'est accéléré. La question est légitime. Chez elle, de nuit, thirty-seven tries, la Majuscule. Le battement s'est accéléré. La question est nécessaire. "You look like I imagine Time would." Le regard blanc qu'il lui adresse ne parvient ni à discréditer la question ni à la convaincre de son bien-fondé. Plus que jamais sur la défensive, elle hausse les épaules, la ligne dure de sa bouche le défiant de se gausser du surréalisme de son interrogatoire. "What? Weirder things have happened." Comme douze colibris chantant du Vivaldi sur un rocking chair. Comme des rubans dans un chêne. Comme une Horloge qui force à la Majuscule, et un Familier Inconnu qui s'y Conforme.  
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Ash Riddler
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  Sujet: Re: the story of the story – ash    Jeu 15 Nov - 2:24


En rétrospective, le moment où la subtile distorsion dans l'atmosphère s'est opérée serait facile à épingler. Jusque là, le vide qui les sépare s'était coloré du gris capricieux de l'appréhension glaciale, clairsemé des phosphènes luminescents d'une curiosité difficile à contenir. Soudainement, l'anthracite vire au noir impénétrable des nuages orageux et des secrets bien gardés, et il jurerait pouvoir entendre l'air craquer. La prise d'Izy autour du pied-de-biche se raffermit et, pour la première fois ce soir, il la pense réellement passible de s'en servir. Ash est pris de court par cette colère irradiante. Tout ce qu'il sait, c'est qu'elle est férocement contagieuse. Il peut la sentir serpenter contre sa jambe et se glisser sous les mailles de son pull. Elle vient finalement se loger contre ses tempes où elle galope sourdement au rythme d'une fréquence cardiaque qui se fait de plus en plus turbulente, après avoir nappé son système nerveux d'une généreuse couche de kérosène. S'il n'avait pas les doigts refermés sur le corps gracile de Ruth, ses poings se seraient serrés contre ses cuisses. "No tea, then? Pity." Le ton est entrelacé d'une pellicule de causticité qu'il ne se souvient pas lui avoir donné, mais si prononcée qu'elle fait frémir ses propres tympans. Aussitôt, il le regrette. Il n'en veut pas, de cette effervescence d'animosité. Il voudrait pouvoir l'arracher de ses veines battantes comme on ampute un membre, contenir l'expansion de la gangrène tant qu'il en est encore temps. La le lui rendre cérémonieusement, les deux bras tendus, qu'elle la garde. La colère laisse un sale goût dans sa bouche, l'amertume une réminiscence acide d'un passé si profondément enfoui que ses détails sont dissimulés derrière un voile vaporeux. Ash habille ses traits d'un masque d'impassibilité, soulage la tension dans ses épaules. Put the cat down. Il s’exécute et pose un félin contestataire sur le plancher, visiblement inconsciente des étincelles qui crépitent au dessus de sa tête. Pendant ce temps, il ne la lâche pas du regard. Il n'essaye même pas de retenir un bref ricanement amusé. C'était donc ça. Les mots naissent sur le bout de sa langue et il les retient entre ses dents avant de les avaler. Les "she likes me, doesn't she?" et les "I wasn't going to steal her away, you know" se noient dans le fond de sa gorge alors qu'il tente tant bien que mal de se focaliser sur l'unique but de l’interaction, sortir de là. Littéralement et métaphoriquement le dos au mur, il est forcé d'admettre que son affabilité pianote contre le mur bétonné d'oreilles qui lui sont imperméables. Fair enough, il aurait sans doute dû savoir qu'elle ne le laisserait pas filer aussi facilement. Mais ce n'est pas la seule corde à son arc.

Ash plante ses racines dans dans le parquet, développe l'immuabilité du chêne centenaire. Ses yeux se sont stabilisés sur la silhouette solennelle d'Izy, ses lignes raides et l'angle hostile du pied-de-biche brandi. What do you know about the curse? Who told you? Sous l'assaut des accusations, il se fait sculpture de marbre, polaire dans son stoïcisme. La connaissance n'est plus bénigne, il a fusillé le subterfuge à l'instant où les pattes de Ruth on touché le sol. Il endosse tout le poids de son savoir et le dénude dans son mutisme et les traits olympiens de son visage. Dans le silence, le pendule de l'Horloge fait écho à tous les vides de la pièces. Même s'il l'avait voulu, il aurait été incapable d'expliquer ce sur quoi il n'a jamais essayé de mettre le moindre mot. Ce qui existe uniquement pour lui, confiné entre les quatre murs de sa solitude, bercé par l'exil qu'il s'est infligé tout seul. Comme il avait contenu la fureur de la rivière dans une tasse de porcelaine et invité chez lui des vagues de nuit luxuriantes, si opaques qu'elles en étaient devenues presque palpables. Qu'il savait ce que c'était que de couver sa propre malédiction, de vouloir jalousement la garder pour soi, de s'aliéner dans son cocon protecteur et de s'abandonner consciemment aux mains de la fatalité. Qu'il savait mieux que personne, ce que ça faisait. Parce que, même là, à toiser les conséquences de ses actes droit dans les yeux, l'évidence qu'il refuserait indéniablement de s'en défaire, que son malheur était le sien, qu'il avait mérité l'ombre du Bois dans ses veines, que c'était juste après qu'il lui ait volé deux ans de sa vie. Ash a toujours eu beaucoup d'histoires à raconter. De toutes, celle-ci demeure aisément sa préférée : l'esclave du Temps découvre qu'elle le tient au creux de ses paumes depuis le tout début. Are you Time? La fragilité dans la voix est presque insoutenable, à mille lieues de l'acerbité qui l'avait précédée. Probablement suffisante à le faire flancher si ce n'est pour la surprise qui la domine tout juste, la sienne, seulement trahie par léger haussement des sourcils. Dans la bouche de quelqu'un d'autre, ça paraîtrait fou. Dans celle d'Izy, c'est simplement absurde. Elle a baissé son arme et, aussitôt, elle paraît plus frêle, engloutie par la taille de la pièce. Ses contours sont peints d'or par la lumière qui s’échappe du hall et il remercie silencieusement le ciel pour la pénombre qui baigne la cuisine et qui le rend aveugle aux détails de son visage. Il refuse d'y lire quoi que ce soit. "And what, pray tell, is that exactly? Pinned against your kitchen counter?" Il fait un pas en avant. Avec tous ceux qu'elle a pris, il lui suffirait de tendre le bras pour effleurer une éapule du bout des doigts et confirmer toutes ses théories. L'idée est enivrante, la proximité entêtante. Le besoin de quitter sa vicinité pressant. Ruth s'est perchée sur le comptoir, impériale. De sa position, elle semble les observer avec attention. "No, I'm not Time. I wasn't told by anyone. And I'm not willing to share anymore than that." Dans sa voix, la résolution est granitique, purement matter-of-fact. "I told you who I was. You said it yourself, it doesn't mean anything to you." But maybe it should. Un ruban pour chaque personne perdue au Bois. Elle pourrait le découvrir, si elle en avait envie. Ce n'est un secret pour personne en ville. Ash et sa sœur ont été enlevés par des arbres particulièrement voraces ce soir-là, et recrachés une nuit de deux ans plus tard, un peu moins et un peu plus qu'ils étaient auparavant. Le genre de fait divers qui ne s'oublie pas, même si on préférerait. Elle pourrait le découvrir. En tirer ses propres conclusions. "So where does that leave us? Call the cops or let me go." Ash a connu beaucoup, beaucoup de nuits étranges dans sa vie. Des animaux à la forme impossible qui filent sous son bureau. Les étoiles qui s'éteignent, une à une. Qui clignotent comme si elles essayaient d'envoyer un message. Des coeurs aux rouages horlogers qui battent à un rythme mécanique. Des branches qui se referment sur deux enfants qui se tiennent par la main. Ash vit dans un vaste rêve, est lui-même à moitié composé de songes et d'illusions et de fumée. L'onirisme sous les semelles, il sème sa mélancolie à chaque pas. Mais rien n'a jamais semblé aussi irréel que cette rencontre.

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  Sujet: Re: the story of the story – ash    Sam 17 Nov - 20:06

Son soupçon, envoyé au petit malheur la chance, se cristallise en une certitude fragile. Izy s'accorde le regard de l'intrus comme pièce à conviction. Il revêt une impassibilité dont les contours sont trempés dans la surprise, mais cela ne suffit pas à balayer sa conclusion. Il est simplement bon comédien. Il a le visage pour, le rictus constamment posté au bord des lèvres de celui qui sait trop bien s'en servir. Si la question d'Izy était réellement aussi invraisemblable qu'elle le paraît au premier abord, l'ébahissement serait plus franc. Or celui qu'il arbore est fébrile, parvenant à peine à masquer dans la pénombre quelque chose de crépitant en dessous. Peut-être qu'il ne s'agit de rien de plus que l'Interêt Littéraire de l'Écrivain - si tant est que cela soit vrai. Elle trouve sa théorie à elle bien plus solide. Qu'un auteur en quête d'inspiration se matérialise dans sa cuisine une nuit d'automne lui paraît bien plus tiré par les cheveux que l'idée simple que le Temps, fatigué de Sa toute-puissance et se sachant ici chez Lui, soit venu y passer la nuit. Qu'Il choisisse de déposer Sa joue contre les rouages de l'Horloge et s'y endorme, le monde entier retenant sa respiration jusqu'à ce que, paupières papillonnantes sur visage victorieux, Il s'estime reposé. Ça aurait tellement plus de sens. La solitude d'Izy si acérée, le souhait si puissant qu'il aurait fini par pousser son seul compagnon jusqu'à la personnification. Il est Père, Frère, Amant. Il remplit la maison vide et lui fait don d'un pouls, myocarde niché contre le mur de la cuisine. Si Izy s'était autorisée à L'imaginer, elle L'aurait imaginé comme lui. Dans la perfusion de silence s'égouttant du pendule, elle le lui confie sans détour. You know... Time. Dignified. Ageless. Handsome in a cruel way. L'honnêteté cependant entravée par les mots, tout haut, elle se contente de superposer une saillie à une autre. D'arquer un sourcil haut sur son front fier. Pinned against your kitchen counter? "For starters." Sauf qu'il lui donne déjà tort, empiète sur le no man's land entre eux, et elle a les poumons dans la gorge. Le Temps ne tambourine plus, il galope. L'Horloge est si pressée qu'elle menace de faire s'écrouler la bicoque autour d'elle. Comment peut-il ne pas être le Temps, alors qu'il force la nuit à s'accélérer ?

Il est monolithique dans son non. Le refus est généralisé, s'étend à l'identité, aux réponses, à la perspective de rester un tout petit peu plus longtemps, une poignée de mots supplémentaires pour qu'elle puisse deviner des formes au delà du brouillard. Izy serait prête à mettre la bouilloire sur le feu si cela signifie qu'il lui dise quelque chose qu'elle veut entendre. S'il peut lui en apprendre au sujet de l'originel Horloger, et peu importe d'où il tient ses informations tant qu'elles sonnent juste. La mythologie comme piqûre de rappel ; se souvenir pourquoi elle peut tout supporter, l'insomnie comme l'isolement, au nom d'une entité plus grande qu'elle, en l'honneur d'un arbre aux racines profondes. Sauf que Monsieur n'a pas envie, et elle tique audiblement. "Oh, so all of a sudden the story-teller is not willing." Izy croit en la détermination de l'homme à ne pas en dire plus car celle-ci s'affiche clairement sur ses épaules, visible même pour une aveugle dans son genre. C'est la seule raison pour laquelle elle abaisse les siennes, d'épaules. Vaincue sur son propre champ de bataille. Le point final s'avance et, au lieu d'évoquer soulagement, Izy est déçue. À l'instar de Ruth, probablement. "Have you seen the cops?" Son regard appuyé indique que la réponse à la question qu'il vient de lui poser crève les yeux. "I'd much rather meet a gruesome end at the hand of a stranger than calling those klutz to the rescue." Et ce commentaire, ainsi que la poigne paresseuse exercée sur le pied-de-biche qui pend parallèle à sa jambe, menaçant de dégringoler au sol, indique un degré de confiance qu'elle ne s'explique pas. Elle reste sur ses gardes dans l'étreinte de son amie d'enfance, méfiante sous le regard de celui qu'elle a toujours su dans les petits papiers de son père. Bien qu'il y ait des nœuds dans ses clavicules -il sait des choses qu'elle ignore, that much is obvious- l'intrus a mystérieusement droit à un traitement de faveur. Peut-être parce qu'il possède cette qualité indéfinissable de ressembler au Temps. Baissant les armes, Izy fait un pas sur le côté, libérant l'embrasure de la porte. Elle lui offre son profil en sacrifice ; you're free to go. Il fait un pas pour la contourner, met le pied dans le hall, et l'instinct de combat revient à Izy en contre-temps. Il est éclairé par le plafonnier, les traits limpides, et sachant que l'occasion ne se représentera pas, elle bondit dessus. Lui lancer une question au visage, n'importe laquelle -Would destroying the Clock kill my father? How is my brother? Are you sure you're not Time? Cause I wish you were- et tant pis s'il ne désire pas lui répondre, elle profitera de la visibilité pour essayer de lire des volutes de réponse dans le tracé de sa mâchoire. Voir s'il est réellement si bon comédien, tester les limites de son art. Intuitivement, pour interrompre sa trajectoire jusqu'à la porte, elle agrippe son poignet, elle vise la manche mais vise mal. "Wait-"
L'endroit où ses doigts touchent de la peau, ils se consomment. Le Temps quitte la pièce. L'acouphène s'éteint. Le silence dans son crâne souligne celui dans la maison ; le pendule s'est arrêté à l'entrée d'un moment, y regarde à deux fois avant de passer le seuil du suivant. Ils sont suspendus à l'arrête d'une seconde, une seconde qui dure une nuit qui dure deux ans, une seconde qui vaut vingt-six années. Le silence religieux de l'autre côté de la lisière. Ça la terrasse comme un pluie torrentielle, ça ruisselle jusqu'au sol sous ses pieds nus, remplit les fissures entre les planches. Le white noise au creux de son oreille, mêlé à la toile de fond de son quotidien jusqu'à y disparaître presque entièrement est tout à coup rendu assourdissant par le fait qu'il se soit arrêté - et ça fait du bien quand ça s'arrête. Les seules fois que c'est arrivé c'était -
Mue par une force qu'elle s'ignore, Izy arrache sa main. Sous l'impulsion, elle recule d'un pas, hanche cognant la console. Le pied-de-biche est à ses pieds, tombé sans faire de bruit. Elle veut jurer. Elle veut pousser un cri d'animal blessé. Elle veut poser une question qui serait la bonne, qui serait la seule. Mais les mots ne trouvent jamais le chemin de ses lèvres. À la place, elle le fixe, main prophète repliée contre sa poitrine, comme brûlée, biche prise dans les phares. Comment peut-il ne pas être le Temps, alors qu'il force la nuit à s'interrompre.
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