meanwhile the world goes on (r/ash)

Tell me about despair, yours, and I will tell you mine. meanwhile the world goes on. meanwhile the sun and the clear pebbles of the rain are moving across the landscapes, over the prairies and the deep trees, the mountains and the rivers.
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La forêt respire. Son vent propulse les branches dans tous les côtés, fait tomber les feuilles au sol, ou du moins, celles qui s'accroche encore à un brin de vie. La température est clémente pour une journée de novembre, certes, le soleil n'est pas de la partie, se cache comme s'il prédisait que la noirceur à venir ne ferait que lui donner l'envie de courir loin de là. Il ne l'avait jamais remarqué enfant, mais la noirceur qui prend en novembre devient macabre. Comme si le mois des morts contenait une signification plus profonde que celle en superficie. Une qui frôlait les pensés sans jamais pouvoir mettre le doigt dessus. Normalement, à ce stade exact de son sommeil, Cove se met à rêver. Mais qu'y a-t-il de mal à rêvé? Darkness. Il voit à nouveau les bois, le vent qui souffle, l'obscurité. Cette voix qui l'appelle au loin, et cette porte rouge, ensanglantée. Il s'approche, gardant méfiance, un pas après l'autre, jusqu'à ce qu'il sente une brûlure au niveau de son bras. La brume se lève et ses paupières s'ouvrent. Salem, le chat noir qu'il a adopté, - ne parlons pas du nom pas très original, car après tout, Cove n'est pas un écrivain, il est un simple petit garagiste qui tente de subvenir à ses propres besoins et celui de ce chat qui ne fait que se bourrer la pense - le menace d'une griffe levé, le sommant de s'occuper de lui sans quoi il risquerait de frapper de nouveau. L'homme repousse le félin d'une main, prenant position assise pour regarder par sa fenêtre l'horizon gris. Il le faisait exprès, Cove pourrait le jurer, de le réveiller quand il fait un cauchemar de la pire des façons. Car le chat ne vient jamais le retrouver quand il rêve d'un paysage magnifique, sans noirceur. Non, il vient toujours le réveillé au moment précis où il s'avance pour découvrir cette porte rouge. Il toise l'animal d'un oeil, cherchant une signification particulière derrière  ses agissements. Un miaulement est la seule réponse unique que lui fournis Salem. Would make my life easier if you actually could talk like the real Salem. Le félin noir penche la tête sur le côté en lâchant un second miaule plus insistant. Cove frotte la tête noir de l'animal et l'emporte en cuisine avec lui alors qu'il se verse une tasse de café bien chaude, n'oubliant pas de donner du lait à cette chose insistante qui lui sert de compagnie dans cette vieille maison.
Cove avait commencé des rénovations dans la maison de ses parents il y a plusieurs mois. Il avait notamment terminé l'étage, dont les trois chambres et les deux salles de bains, mais il devait encore s'attaquer au rez-de-chaussé. Une sensation dans son estomac lui dictait qu'il oubliait quelque chose de vital, certes, il vivait avec celle-ci depuis plusieurs mois maintenant. Ce n'est qu'en regardant par la fenêtre, en ce matin de novembre brumeux - sans pluie pour le moment - qu'il remarqua la cabane dans l'arbre. Son repère, construit par, non-seulement les mains de son père, mais aussi celle du père Riddler. Les deux voisins qui s'amusaient ensemble enfants, avaient tous les deux grandis de leur côté, dans leur sphère. Cove toise le chat du coin de l'oeil, l'air réprobateur sur visage ne fait que créer un roulement de yeux exagéré. Don't look at me like that. Salem répond avec un miaule qui dure de nombreuses secondes. Cove répond avec un soupir presque aussi long. Fine! I'll go fix it. Stop being such a brat. Bien sûr, le félin retourne à son lait comme s'il n'avait jamais intervenu.

Les planches de bois se succèdent les unes les autres, alors qu'il les retire de son camion pour les apporter près de l'arbre. La cabane haut perché est bien fixé, mais plusieurs planches nécessitent remplacement, dont le toit. Cove se met à la tâche, remarquant par la même occasion que la température d'Holly Springs est pour une fois clémente envers lui. Il pousse un juron en enlevant une planche, la remplace et cogne quelques coups pour enfoncer le clou comme il se doit. Le toit est remplacé en moins de deux, et l'homme apporte des modifications afin de la rendre à l'épreuve de tout. Il utilise notamment une très mince planche de bois avec un vernis pour ne pas laisser l'eau s'infiltrer dans la cabane. Il laisse un espace pour une fenêtre sur le toit et sur deux des murs, ajoute une penture et une porte. Un regard satisfait sur le visage, le brun retourne à la maison et apporte avec lui deux trois bouteilles de bières, un paquet de cigarettes, un livre ainsi que des oreillers et une couverture - sans oublier d'ouvrir la télévision pour ce bon vieux grognon de chat - pour passer un moment dans la nature, loin de tous soucis intérieur et pour se rappeler des moments de son enfance. Il s'installe, ne remarquant pas la voiture dans le stationnement voisin, préoccupé par sa propre vie et le corbeau qui le regarde depuis le toit de la maison. Fucking crows! Dit-il avant de remarquer sur le porche des Riddler un visage bien familier. Un sourire s'accroche à ses traits, alors qu'il est perché dans leur repère secret. Care to join me for old times sake? Deux bières en main, il salue son ami de la seule façon qu'il sait le faire: depuis la maison dans l'arbre.

Huge crows loitering by the curb
Our shared paths unraveling behind us like ribbons
And I dreamed of vultures in the trees around our house
Cicadas and locusts, and the shrieking of innumerable gibbons
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Ash parle rarement en euphémismes quand il évoque la mort; peut-être par désensibilisation au terme, peut-être parce que c'est le genre de mot qui doit toujours être encaissé avec toute la violence d'une confrontation frontale, sans en détourner les yeux. Pourtant, quand il fait allusion à sa mère, il mentionne précisément sa disparition - et, pour Ash, un mot n'en remplace jamais un autre. Elle a disparu, un processus ascensionnel tout en pudeur qui s'est étalé sur deux décades. Amanda s'est effacée comme un souvenir s'estompe avec le temps, les contours délimités mais les détails flous. La plupart grisonnent avec les saisons. Elle, elle s'est élégamment décolorée; la peau translucide, aérienne et fine comme du papier de soie étirée sur ses mains graciles, la silhouette diaphane vaporeuse, la délicate structure osseuse aussi fragile que du verre. Si frêle que la moindre bourrasque de vent pourrait la saisir dans son poing et l'emporter au loin avec elle. Parfois, c'était comme si c'était exactement ce qu'elle désirait, qu'on l'emmène de force pour l'absoudre de la culpabilité d'un départ qu'elle aurait choisi. La faucheuse, elle l'a sans doute accueillie comme une vieille amie dont elle attendait la visite depuis fort longtemps, les bras grands ouverts. Probablement parce qu'il n'en a jamais vu la dépouille, Ash a toujours du mal à se faire à sa mort. D'un point de vue purement cérébral, parce que, émotionnellement parlant, il a fait son deuil il y a plus d'une décennie. Il revient incessamment à l'idée qu'elle n'a jamais réellement quitté leur vieille maison mais qu'elle s'est simplement confondu dans le papier peint fleuri, d'une façon ou d'une autre imprimé son essence à même la brique. Il entend sa voix dans la brise qui souffle à travers les voilages, trace le sillon de son parfum saccharine dans l'air amorphe du premier étage, aperçoit son ombre fluette au détour d'un couloir.
Ash parle rarement en euphémismes quand il évoque la mort; sauf quand il faut allusion à sa mère et ne manque jamais de précisément mentionner sa disparition. Parce qu'Amanda, même de son vivant, a toujours été un fantôme, a toujours arpenté sa maison comme si elle la hantait déjà.

Il blâme les instincts de romancier, Ash ne supporte pas que les métaphoriques extrémités soient laissées libres. Éternellement soucieux des détails narratifs, sa conclusion, il la veut cohésive, sans équivoque, propre. Une jolie boucle pour clôturer le chapitre et explicit liber. Aucune faille. Aucun vide. Aucun suspens. Tous les bouts scellés. Et ça commençait par vendre la maison.
Toutes les attaches personnelles qui le liaient à la vieille baraque ont été scindées il y a des années. Aujourd'hui, sous son toit, il ne ressent qu'un vague sentiment de malaise, récurrent depuis l'enterrement de sa mère. Le première devrait être aussi morte que la seconde. Ash les perçoit toutes les deux comme résolument vivantes, et ça bouscule ses atomes de la manière la plus désagréable qui soit. La bâtisse est un piteux état. Il lui semble que le poids du temps s'est subitement écrasé sur ses fondations, impérieux dans la collecte de son dû. Ash est quasiment certain qu'elle n'était pas si mal en point l'année dernière, et qu'une poignée de mois n'auraient pas pu la précipiter si drastiquement dans la dégénérescence. La certitude que Jade n'a les ressources ni financières, ni pratiques pour la maintenir en état se condense, et il s'imagine sans mal qu'une partie de son entêtement à refuser d'y renoncer naît d'un exercice de rébellion. Pour le punir, elle lui dénie la fin à laquelle il aspire tant, ligoté à l'arbre mis à feu de son enfance ad vitam aeternam. Tous les deux, comme au bon vieux temps.
Ash s'extirpe des griffes de la maison avec soulagement. Ses poumons se gonflent d'air extérieur, impatients, rapaces, pressés d'éliminer l'oxygène avarié de son système. Il s'apprête à monter dans sa voiture de location, main sur la portière, quand il se fait interpeller. Il penche la tête, un léger sourire en coin se dessine sur son visage alors que la surprise se dissoud. "Goody Goode?" Son vieil ami est perché dans la cabane dans l'arbre, leur cabane dans l'arbre, relique d'une autre vie. Ash se souvient de combien il l'avait voulue cette cabane. Comme il avait supplié, et imploré, sollicité. Jusqu'à que son père cède, à l'usure. Cet été-là, Cove et lui en était à peine descendus, décidés à y emménager durablement. Les souvenirs semblent appartenir à une autre personne. Ils laissent un arrière-goût d'amertume dans le fond de sa gorge. Il s'approche facétieusement. La soudaine vision d'un Cove niché dans le chêne a effacé le film d'incommodité que la maison a laissé sur son épiderme, aussi facilement que cela. "You know what? Sure." Il hésite un instant avant de se hisser sur l'échelle en bois, anticipant à moitié qu'elle se brise sous son poids, rongée par les années. Elle tient bon, et la cabane aussi, juste infiniment plus étroite qu'il s'en rappelle. Le sourire d'Ash lui dévore le visage, triomphant. Il pique l'une des bières que tient Cove avant de se laisser tomber au sol. C'est drôle parce qu'il est plutôt certain que les rôles ont souvent été inversés. Qu'il était le professionnel contrebandier. "Nice work, Macgyver. I love what you've done with the place." Il y a de la malice dans sa voix, mais aussi de l'admiration. Les réparations et les solidifications de Cove sont apparentes, et il présume, récentes. Il ne pense pas qu'il l'aurait fait, lui. "Now you hurry up and tell me that this is not the highlight of your week", dit-il en faisait un signe de tête en direction du bouquin posé à côté du plaid et des oreillers. Les cendres d'un souvenir en particulier refont surface. Ash miniature sort les cigarettes qu'il a pris pour habitude de voler à sa mère de sa poche. (Elle fait semblant de ne pas remarquer.) Il en tend une à Cove. "Try it.'