nights with nothing but dark in there

oskar harker
   nom complet  ◦ Reflet fantasmagorique des songes l’ayant enfanté, la bête porte à même la carne condamnée le sacre de ses ancêtres. L’ichor pour tout or à ses regrets, il s’évide sur le parquet de ces demeures brisées par l’averse de leur rage. L’orage qui gronde en ses lèvres est une bien piètre fièvre comparée à celle d’une mère amère, douloureux reliquat d’une affection balayée hors de ses prunelles avant les premiers cris du garçon. Fiers despotes d’un empire de rien, c’est sur les richesses de tout un chacun que les Harker se sont élevés plus hauts que l’éther. L’habit forcé à son échine, l’unique descendance d’une dynastie épuisée ploie sous le poids de leur éclat suranné. Oskar comme ce père intangible, il ne reste de lui qu’Oz. Deux petites lettres peinant à contenir tout de la violence du virtuose, pas même l’aigreur et ses regrets. Héritier d’une couronne d’épines, c’est le canon scié et l’écume plein le fusil qu’il s’immole, quelque éclat ésotérique entre les doigts.  âge, date et lieu de naissance  ◦ quatorze septembre 1996, Boston Mass. origines et nationalité  ◦ La jouvence à outrance, il dégueule son inimitié face à un temps révolu qui tente vainement de rattraper les temps passés. C’est l’histoire qui se répète alors que ses apôtres se perdent sous le poids de leurs idoles maudites. Oskar vient de ces îles perdues de l’autre côté de l’Atlantique. Ces endroits sans espoir où seuls les monarques pouvaient prétendre exister. Défait de leurs embruns, du sel collant à leur soulier, c’est sur leurs tristes rafiots que ces égarés prirent la mer avant qu’elle ne finisse par les adopter. Descendant de l’écume, ses origines le ramènent à un monde trop ancien que pour être commémoré. Chassant l’intrus, l’aborigène défait de ses propres terres, les colonisateurs abreuvèrent la terre du pourpre de ses enfants. D’ici et pourtant à jamais d’ailleurs, le Harker n’a peut-être pas l’accent marqué de ces aristocrates éventrés par le fiel rongeant leurs veines. Néanmoins, il porte plein les gênes leur goût pour le malheur.  activité et situation financière  ◦ Produit d’une décadence assumée, Oz est le dépositaire d’une fortune dépassant l’entendement. Petit prince d’une époque révolue, si sa couronne est d’épines, son trône est fait d’or et de diamants. Conscient déjà de ne jamais avoir à travailler un jour de sa vie, c’est d’erreur en faux pas qu’il s’est retrouvé propulsé à l’université de Fullcross. Etudiant en ingénieurie informatique, il est de ces élèves à l’intellect exemplaire, mais au comportement déplorable.  statut civil  ◦ Elle était immaculée, la Madone. Irréelle. Les prunelles aveuglées par le chagrin quand ses lippes retroussées fleurissaient vermeilles. La divine n’existait que dans l’instant, le gamin coinçant entre quelques battements de cœur une vision d’absolu. Il s’était fait apôtre, courbant l’échine face à la rosière, l’abreuvant de ses prières muettes alors qu’il la vampirisait. Animal feulant à la lune, il était de ces monstres la faim au ventre. Ces bêtes prêtes à mordre jusqu’à leurs doigts dans l’espoir de se sustenter. L’organe rien qu’une relique à exhiber, Oz les aime triste à pleurer. Il les aime violence, le dégoût s’écoulant de leurs lippes entrouvertes. Il les aime éphémères, fantômes aux premières lueurs quand il ne souhaite qu’oublier. Oublier que le coeur est charnier, que l’amour est mystère. Ces amantes abandonnées au tombeau de sa chair sépulture qu’il ne peut honorer. Puis que dire de ces amants qu’il se refuse à nommer. situation familiale  ◦ Une maison de regrets, un foyer n’étant foyer qu’après la montée des eaux. Pour tout locataire, les ombres de ses habitants, coups de vent toujours coincés à la porte d’entrée. Une maison hantée plus qu’elle n’est habitée. Une maison corps. Un enfant maison. Les souvenirs la source de sa tourmente quand ces rémanences ne cessent de le lacérer. Oz fait partie de ces orphelins volontaires. Ceux qui, rêvant leurs parents différents, s’ouvrirent les veines au tranchant de leurs rêves, étalèrent leur ichor à l’envers de leurs paupières. Une mère absence. Un père inexistant. Oskar est le fils d’un amour conjugué au passé. Un amour ayant fané avant ses premiers jours, le gamin naquit aubépine. Aujourd’hui encore il ne sait ce que cela peut bien signifier. Pour toute compagne ses richesses, l’Harker appris jeune à combler le vide par le néant. L’espace entre ses côtes le foyer de tellement d’instants imaginés qu’il lui arrive encore de saigner par les yeux l’encre de ses songes. Élevé par ses grands-parents, il est le triste représentant d’une génération perdue. D’une génération sur le point de s’éteindre et à laquelle il n’a jamais véritablement appartenu. Membre honorifique, vainqueur par décès, il est le dernier debout. Toujours dernier. Toujours debout. Enfant solitude, enfant regret, dans le fond le gamin n’a jamais été fils de personne. Trop occupé à conjuguer ses parents à l’imparfait, il s’usa les phalanges sur des problèmes à la carne souillée. La carne tachetée de tout ce sang qui coule et coule et coule. Qui coule tellement que parfois le brun rêve de le voir couler. S’écouler le long de ses doigts alors que ses mains se feraient calice. Gamin sans foyer, rien qu’une maison éventrée, ne lui reste que sa mère vers laquelle pointer un doigt désapprobateur. Rien qu’une mère pour expliquer tout ce qui ne va pas là avec son cœur décharné. Le reste il ne s’en souvient pas. Le reste il ne s’en souvient plus. Quand bien même les photos traînent dans sa demeure trop pleine du silence. Quand bien même ne lui reste des siens que quelques mots sur un papier froissé. Fragments d’un empire avalé par les flots, de tous ces souvenirs qui se désagrègent au gré de l’eau. traits de caractère  ◦ arrogant, inconscient, solitaire, sarcastique, méprisant, hautain, sensible, ingénu, agressif, lunatique, énigmatique.  groupe  ◦ outsiders

   the trees can hear you if you talk to them
 “Go home.” L’augure était macabre. La condamnation sans appel pour un crime commis par le pater. Seuls quelques mots avaient quitté les lèvres de la prêtresse, son office une science obscure que le Harker ne souhaitait pas comprendre. En laquelle il peinait toujours à croire quand bien même, sans un bruit, elle lui avait ouvert le poitrail, s’affairant autour de ses organes afin de trouver la fièvre jusqu’alors coincée en sa rate. Quelques billets irrévérencieusement jetés sur le comptoir, Oz avait quitté ce lieu de non-vie sans demander son reste. Le regard de la prêtresse une vision qu’il eut souhaité arraché à sa mémoire, cette dernière s’évertuait pourtant à le hanter, ses mots l’écho de savoir trop longuement oublié. Retourner à la maison. Le gamin de Boston ne savait plus ce que cela pouvait bien dire. Dans le fond il ne l’avait jamais trop su.

“Five hundred bucks for spending five minutes in the forest at night. Your bet is so stupid Sam. And the prize pathetically vain. Clearly the sign of a small minded farm guy.” Un sourire suintant l’arrogance, Oz releva sa capuche avant de sortir un paquet de cigarettes de sa poche. “See you in five minutes, bitches.”

S’enfonçant au-delà des feuillées épaisses, le gamin abandonnait la ville et ses lumières au profil d’un ciel douloureusement sombre. Une cigarette coincée entre ses lèvres, Oz était aveugle, l’obscurité un linceul recouvrant ses yeux sans qu’il ne puisse voir au travers. Temporairement pris de cécité, le sceptique se contentait d’avancer toujours plus vers l’avant, un bras tendu dans l’espoir de s’éviter de mauvaises surprises. Le cœur au bord des lèvres, les mots de l’illuminée germaient en ses songes, cette injonction plus urgente à cet instant qu’elle ne l’avait été depuis le moment où elle l’avait entonné avec fièvre. Les yeux clos, le souffle court, Oz se laissait accueillir par le froid d’une nuit sans fin, sans commencement aussi. Rongé par la faim d’un sommeil inéluctable, le Harker se contenta de fumer, les exhalations laiteuses s’échappant de ses lèvres un contraste brûlant le long d’une toile faite d’ébène. Le cœur bercé par une familiarité sur laquelle il n’aurait pu mettre de mots. Le gamin resta l’espace d’un instant une éternité entière en ces bois. Les ombres l’entourant des créatures à la forme changeante, tantôt être aimé tantôt inconnu. C’était une vie qui se dévoilait sous ses yeux sans qu’il ne prenne la peine de voir. Aveugle au chagrin de ce qu’il avait toujours désiré.

Ce fut une clope toujours coincée entre les lèvres qu’il retrouva la ramure marquant l’entrée du bois. Observant les gamins de la ville être bruit, il les voyait se bousculer, leurs lèvres se presser en inquiétude alors qu’ils observaient leurs montres le regard agité. “Five minute and not even a scratch to show you all the lenght of my nonexistent struggle.” Leurs prunelles étaient vitreuses, leurs faciès sombrement livide. Recrachant la fumée lui emplissant les poumons, inconscient du début d’incendie naissant en son être, il les dévisageait avec interrogation. “You’ve been gone for two hours, Oz.” Hochant la tête de concert, les trois autres gars à l’allure hilare un peu plus tôt n’étaient plus que les ectoplasmes de leur propre grandeur. Les yeux posés sur lui l’auscultaient de leurs prunelles inquisitrices, le dévêtant d’une manière qu’aucun mot n’aurait pu accomplir. Observant le rescapé avec l’inquiétude de ceux l’ayant vu se noyer, ils ne savaient que faire avec ce nouveau frère baptisé au silence de ces bois ayant avalé bien trop des leurs. Le silence roulant entre ses lèvres, Oz les observait en retour, leurs mines décharnées trahissant une inquiétude qui n’était que jubilation plus tôt. Envie grasse de voir le golden boy perdre sa santé mentale au feu d’un harcèlement commun pour les nouveaux arrivant. Pour toute réponse, un rire explosa en sa poitrine, ricocha contre ses côtes avant de quitter l’auditorium de son buste. “Yeah, yeah, yeah. Stop talking shit and give me a beer.” En son dos, la forêt grondait, aucun bruit ne perçant de ses taillis, alors que la ville n’était que bruit. Le contraste de plus en plus perceptible pour celui qui un instant plus tôt était encore aveugle et pourtant voyait tout.

   honey, i'm not your honey pie
   pseudo/prénom  ◦ amandine âge, pays  ◦ 24 ans. avatar  ◦ noah centineo. commentaire(s)  ◦ head over heels pour ce fo.  autres/dédicace  ◦ ilysm. smiley préféré  ◦  

   

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La clameur s’était éteinte en même temps que les flammes, en même temps que les flots qui menaçait encore d’avaler son âme. Sans un bruit, rien que le silence pour toute compagne désarmée et désarmante, Oz ouvrit les yeux incapables de lutter contre le battant en son poitrail perdu dans la lutte. Le coucou en son buste était brisé, son tic tac incessant effréné grinçait alors que ses lèvres scellées refusaient de laisser un son leur échapper. Feulant comme une bête rendue à l’abattoir, ses prunelles étaient aveugles à la beauté de la scène. La chimère de ses cauchemars dansant sous ses yeux quand bien même il refusait de voir ces ombres arracher le premier rôle du spectacle. Pourtant elle dansait la bête, elle feulait, glissant sous ses draps sans qu’il ne puisse lui refuser cette carne ne lui appartenant pas. La terreur installée en ses bronches, le jeune homme sentait l’insidieuse gagner du terrain sur ses songes, le fil de ses pensées rien de plus que les courbes enraillées d’un sismomètre devenu fou. Lui aussi, il le deviendrait. Tâchant vainement d’ouvrir son poing, le Harker pouvait sentir ses draps l‘ensevelir alors que son matelas festoyait sur ses os trop jeunes pour connaître telle infamie. La gorge nouée, aucun son, aucun bruit n’acceptant de quitter l’auditorium de son être, il sentait ses muscles figés par l’agonie quand bien même il luttait contre leur immobilité. L’écho de ses cris s’éteignait entre ses lèvres quand leur amertume dégoulinait entre ses crocs, l’écume s’écoulant le long de sa gorge sans qu’il ne puisse retenir. Les secondes semblaient devenir heures alors que son myocarde rattrapait ces instants volés à Chronos, diligent cocher qui refusait être dérobé de son orfèvrerie. Plus il luttait, plus Oz savait ne pouvoir retrouver le contrôle de cette carcasse s’étant faite traîtrise. Enfant, sa mère le berçait, caressant sa crinière, lui parlant de ces étoiles dont il était le fils oublié. Elle le prenait dans ses bras, le serrait jusqu’à ce que l’orage passe, jusqu’à ce qu’il n’en vienne à douloureusement lui ressembler. L’imposteur. L’oublié. Celui dont personne ne pouvait jamais parler. Retrouvant contenance, les instants de désespérance une douleur que le gamin avait oubliée au fil des années, Oskar se focalisa sur son poing, concentrant toute sa volonté sur ses doigts douloureusement crispés. Rien de plus qu’un feulement fatigué encore coincé entre les lèvres, ce ne fut qu’en violentant son être qu’il sentit son index bouger. Puis vint le majeur. Enfin l’annulaire. Un bruit métallique résonna dans sa chambre alors que l’étudiant venait de lâcher l’objet qui se trouvait coincé en sa main. Haletant avec douleur, il tentait de se redresser lorsque Zeke déboula dans sa chambre, balle perdue à la recherche d’une plaie. “What the hell man, you’re having a weird bondage party?” Posant les yeux sur la carcasse brisée de son colocataire d’un instant, les traits du blondinet virèrent à l’orage alors que ses mains s’agitaient en un ballet nerveux. “What the fuck dude? What the fuck is happening?” Dans un mouvement encore alourdi par l’engourdissement figeant ses membres, Oz se redressa légèrement, son souffle toujours aussi laborieux. S’aidant de sa main, le brun remarqua enfin les draps humides sur lesquels il reposait, un liquide poisseux et froid recouvrant ses doigts. Retrouvant son souffle, l’usage de ce corps devenu ennemi l’espace d’un instant, il ne pouvait ignorer les iris concernés de cet autre l’observant dans toute sa fragilité. “The psychic I saw in town was right, you’re trouble Harker. You’re fucking trouble” “Why don’t you shut the fuck up for a minute dude?! You never heard of parasomnia?” Passant ses jambes hors du lit, Oz découvrit la paire de ciseaux trônant de façon inquiétante sur son parquet. “Of course, you told me you were a sleepwalker. You didn’t tell me you were batshit crazy!” La mâchoire crispée, le coucou en son buste encore affolé, le Harker peinait à retenir le fiel lui rongeant la trachée. Il peinait à s’accrocher à la réalité quand son sommeil était si paisible et pourtant que le réveil n’était plus qu’inévitable terreur. Les yeux posés sur ses chaussures de jogging, il ne pouvait détacher ses prunelles de la boue encore humide accrochée aux semelles. Le liquide d’un incarnat usé lui tachant les doigts alors que son lit était moite, les draps pourtant recouverts de suie. “I’m... I’m sorry dude. I gotta... I... er.” Les yeux posés vers la porte en son dos, Zeke osa à peine observer son colocataire à nouveau, ce dernier l’observant ses prunelles rongées par un orage ne pouvant porter de nom. La mâchoire crispée, Oz pouvait sentir les tremblements démarrer à son poignet pour s’échapper au bout de ses doigts. . . . . .

Il avait du sang sur les phalanges, pas même des brins de regrets. Jamais rien ne finissait par changer, pourtant il n’y avait que lui qui le savait.

"I don't know Ma', this town is weird.” Le silence à l’autre bout du fil était tristement plus parlant que l’aurait été le moindre de ses mots. Sa plainte mutique une réalité que son héritier portait avec lui où qu’il aille. Où qu’il n’irait jamais. “I know. I fucked my bike up, I don’t know. I was just driving and I lost control.” Il était lassé le gamin, délavé de retenir les embruns quand il n’y avait plus que ça qui méritait de couler entre eux. Pas même d’encre pour les immortaliser. “It’s just.” Sa voix avait perdu de sa couleur, de cette impétuosité qui l’avait mené là où personne ne pouvait le suivre. Il s’immolait l’enfant étoile. Il se consumait et même sa mère ne pouvait le remarquer. Les yeux perdus sur la devanture en néon usé du commerce, il leva les yeux sur un firmament bien triste, à croire que le ciel portait ses plaies. “I can’t do it Ma’. I don’t know. I.” La gorge nouée, il donna un léger coup de pied dans la roue de sa bécane alors que la connexion se mettait à grésiller. Sa mère s’animait d’un souffle qu’il peinait à se remémorer. Même son sourire n’était plus qu’un souvenir rongé par le temps. “No, I’m still taking the pills. Nah, I sleep alright.”

Il y avait les mots qui lui rongeaient les lippes, cette rage dans laquelle il perdait son éclat. Il y avait ce cri informe qui lui emplissait le torse alors qu’il rêvait d’hurler à la nuit tout ce qu’il ne pouvait dire à sa mère. ”My mind is a fucking time bomb, it has been at war since I was born.” Oz rêvait d’ouvrir la plaie, arracher les sutures afin de repartir à zéro. Puis se défaire de ce poids. Cette entrave qui lui brisait l’échine et qu’il n’avait cessé de porter depuis qu’il était gamin. Il rêvait de cracher son fiel à la gueule de ses géniteurs, cet être immatériel qui lui avait donné vie sans pour autant jamais lui accorder son temps. “Because of you. Because of this sick and twisted circus you put me in. I am more than a star boy. I have a thick skin but my bones break. Why don’t you get that?” La solitude était primaire. Pourtant, il se demandait parfois qui était arrivé le premier. Était-elle née de son désespoir ou l’avait-elle enfanté? Qui était là au commencement. L’enfant ou la plaie. “I am more than a trophy boy. I am your fucking son.” Et pourtant. Pourtant il était des parents sans enfants. Des enfants sans parents. Il était des plaies sans origines et des couteaux sans plaie. La vie était ce que l’on en faisait et le gamin le savait. “I needed you.” La remarque n’était que supplique. Cri au silence qui s’évaporait entre ses lippes quand même il haletait à cracher cette vérité-là.

Sa mère s’agitait au bout du fil. Le silence de son fils une occurrence à laquelle il ne l’avait pas habitué. Pour toute réponse un soupire brisé lui échappa avant qu’il ne reprenne là où ils s’étaient arrêtés dans leur script. It's just. Yeah. I wished I could be not here." Pourtant, il n’aurait pu être nulle part ailleurs. Pas après tout ce qu’il avait fait. Tout ce qu’il avait dit. Pas après tout ce qu’il n’avait pas fait et ce qu’il n’aura jamais dit.

La tonalité résonna dans le combiné alors qu’il observait l’écran noirci de son portable. “I’m sorry.”
Si seulement c’était vrai.
Si seulement ça suffisait.

L’univers n’était qu’obscurité. Le ciel une fresque dont les nuances apparaissaient limpides au garçon. La chemise ouverte, la trachée dévoilée, il sentait l’autre se repaître à sa nuque, goûtant la sève de son existence alors que défait entre ses doigts il n’était que silence. S’agrippant à ce corps comme s’il s’était s’agit d’une ancre au cœur de l’orage, il était marin navigant sereinement au naufrage. Haletant, le brun peinait à retrouver son souffle alors qu’il n’était que chiffon entre les mains de l’anonyme. Le dos plaqué contre les briques glacées de la bâtisse, les yeux posés sur le ciel, il planta ses ongles dans la carne jusqu’alors intacte de la bête, son grondement invitant l’adolescent à se faire dévorer par la sorgue. La gueule ouverte, plaie béante dirigée vers le ciel, Oz gémissait en direction d’une opalescente troublante. Il sentait se consumer en ses veines ces drogues qu’il s’inoculait avec plus de volonté que toutes ces pilules que le médecin pouvait bien lui proposer. Il sentait gronder en ses entrailles les vinasses désaimées de ce club de seconde zone au bord duquel il se noyait. Les pensées plus qu’un fil désuni de pièces acérées, il s’ouvrait les veines au détour de souvenirs qu’il avait tout fait pour oublier. Cette solitude qui l’étreignait parfois, une amante à la douceur amère sous les doigts de laquelle il s’offrait volontairement. Le Harker faisait partie de ces égarés au chagrin pourpre, ceux qui préféraient se répandre en torrent incarnat plutôt que de dégueuler leurs maux. Il y avait l’absence d’un père. Cette énigme sur l’arbre généalogique qui faisait de lui un gamin dévoyé pour tout passé une plaie béante le menant vers un futur avorté. Puis l’indifférence de sa mère, lame sur laquelle il s’empalait chaque jour avec un peu plus de détermination, l’aliéné espérant douloureusement qu’il était un pris à gagne pour s’être ouvert les côtes pour l’attention d’une autre personne. Oskar était un entrelacs d’actes manqués. D’amours défaits. Tout commencement était une fin pour le gamin. Chaque fin un renouvellement pour celui qui s’était perdu au détour de ses années. Il avait déjà vécu cet instant. Il le vivrait encore. La perte toujours fraîche à sa mémoire puisqu’elle n’avait jamais pris de l’âge. Ses souvenirs étaient confus. Son passé une tâche informe sur laquelle il peinait à mettre des mots. Il avait un père. Il avait une mère. Le gamin ne savait plus trop. Il était quelqu’un. Ou peut-être était-il un rêve. Un cauchemar. Alice au pays des décès, Oz s’usait les coudes le long de sépultures portant irrémédiablement son nom. Le souffle court, au coeur la déraison des passions, l’adolescent n’était que terreur, stupeur inconcrête pour laquelle il n’avait de mot. Repoussant avec difficulté cet autre au visage informe, aux traits défaits, il se noyait. Dans ses pensées, dans la réalité. Tout d’un coup, le Harker avait oublié comment nager dans la vie. Voguer au gré des flots et souffrir les intempéries. “What is wrong with you?” Le souffle fuyant, Oz sentait la mécanique de son cœur se rompre sous les assauts effrénés de l’animal entre ses côtes. Les rouages usés peinait à suivre le rythme de la bête quand celle-ci cherchait si désespérément à se frayer un passage jusqu’à ses lèvres. La nausée lui nouant la gorge, le brun se pencha instinctivement vers l’avant alors qu’il se répandait au sol en éclats de biles et d’amertume. Observateur silencieux, l’homme se contenta de sortir un mouchoir de sa poche avant de le tendre vers le gamin redevenu enfant l’espace d’un instant. S’essuyant la bouche, il reprenait son souffle tant bien que mal alors que l’autre laissait ses doigts reprendre leurs ballets suave le long de sa chair. “Leave me alone, you perv.” Repoussant à nouveau l’homme qu’il avait traîné dans la ruelle des minutes plus tôt, il sentait lacérer l’intérieur de son buste de vieux démons auxquels il n’avait jamais pu résister. Les yeux plantés dans ceux de sa victime, il cracha au sol avant d’ajouter : “What did you think was happening? I ain’t a fag.” Oz était une fresque regret, une tapisserie faite des fragments de sa vie qu’il peinait à assemblé. Il était présent et pourtant toujours entraîné par son passé. Il était éveillé et pourtant toujours endormi. Sa réalité un rêve éveillé auquel il ne savait comment s’arracher. Rêveur et pourtant rêve morcelé, le gamin n’était rien de plus qu’un entrelacs de fragment que sa mère avait savamment cousu. Cette dernière couturière de son univers, gardienne de son sommeil.

“Oz, could you hurry? If you want me to drop you at Fullcross you should have been in the car five minutes ago.” “Yes Ma’, I was daydreaming. I guess...”